• Ceccaldi Dominique François. 1833- 1897

    Ceccaldi Pascal

     

              De longs cheveux blancs envolés en boucles autour du chapeau. Une barbe blanche qui fait ressortir l'éclat de la peau dorée par le beau soleil de la Corse. Des traits assez fins dans l'ensemble, mais où le moindre jeu de physionomie fait apparaître de la vulgarité, M. Ceccaldi est évidemment de ceux pour qui Baudelaire a écrit son vers fameux:

              Je hais le mouvement qui déplace les lignes.

              Brave homme, au demeurant, de la race presque entièrement disparue aujourd'hui de ceux qui avaient conçu la République comme une bergerie sentimentale où tous les républicains seraient parfaits et purs, loyaux comme des preux et désintéressés comme des saints. Certains de ses collègues appelés gouvernementaux ont dû lui procurer d'amères désillusions ! M. Ceccaldi est né à Ota en 1833. Il représente depuis 1886 la jolie ville d'Ajaccio au Palais-Bourbon.

              Il y parle peu, mais, quand il y parle, cela dure longtemps. M. Ceccaldi débite alors des sermons sibyllins de sa grosse voix d'avocat d'assises, hachée et gutturale, ne prenant pas toujours le temps d'achever la phrase commencée, phrase qui reste alors au bout du crayon levé du sténographe. M. Ceccaldi n'est d'ailleurs pas le seul qui laisse ainsi les produits informes de son éloquence errer à travers la salle des séances. Si les échos de cette salle se mettaient tout à coup à parler, quel pittoresque chapelet de choses boiteuses, bossues, manchotes, borgnes et même aveugles il nous serait donné d'entendre !

              M.Ceccaldi le sait, sans doute, et c'est pourquoi il se permet de n'être pas plus scrupuleux sur ce chapitre-là qu'un certain nombre de ses collègues. Il a, du reste, à la tribune un calme tout à fait olympien, et les interruptions ne l'émeuvent pas le moins du monde. C'est à croire, oui vraiment, qu'il parlerait sans aucune espèce de trouble sous le fusil braqué de Bellacoscia. Maintenant, je peux bien vous l'avouer, je crois que la poudre de ce fusil-là est depuis fort longtemps mouillée.  (La Dépêche, 21 mai 1895)

              M. Ceccaldi, député de l'arrondissement d'Ajaccio, est mort la nuit dernière (le 9 aout 1897)à Ota, commune du canton de Piana.

              M. Ceccaldi était un avocat de talent très populaire en Corse. Au Palais-Bourbon, il siégeait dans les rangs des républicains progressistes; il parlait rarement et son rôle apparent fut toujours fort effacé, mais il travaillait consciencieusement dans le silence des commissions et il votait scrupuleusement avec la majorité républicaine. C'était un député modeste et laborieux.

              Il était né à Ota, dans le canton de Piana, le 3 février 1833. Avocat au barreau de Bastia et conseiller général de Piana, il avait fait partie de l'opposition libérale sous l'Empire, et la République l'avait nommé le 4 septembre 1870, préfet de la Corse, poste qu'il occupa jusqu'au 7 janvier 1871. Il fut à plusieurs reprises, comme candidat républicain, l'adversaire de prince Napoléon. Après une longue série d'échecs successifs, il avait été élu député de l'arrondissement d'Ajaccio en 1886, contre le comte Multedo. (L'Eclair, Le Progrès de la Somme, 11 août 1897)

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    Ceccaldi Pascal. 1876- 1918, neveu de Ceccaldi Dominique François.

    Un certain M. Ceccaldi Pascal

     

     

     ARRONDISSEMENT DE VERVINS

              M. Ceccaldi Pascal ancien sous-préfet, radical socialiste à Vervins. Député publiciste, né à Ota, canton de Piana(Corse), le 27 décembre 1876. Issu d'une famille de républicains qui, la première en Corse, au moment où l'Empire n'avait que des partisans, manifesta ses idées nettement hostiles au gouvernement impérial; fils d'un démocrate déclaré qui ne dut qu'au 4 septembre de pouvoir continuer à vivre en Corse, M.Pascal Ceccaldi fit ses études de Droit à Aix-en-Provence, et fut reçu licencié en 1896. Inscrit au barreau d'Ajaccio, s'occupa, son service militaire accompli, de causes criminelles et civiles. Deux ans plus tard, il quittait le barreau pour devenir secrétaire de Henri Maret, qu'il seconda au Radical et suivit dans le Cher. Secrétaire général de la préfecture des basses-Alpes, à Digne en 1902 puis sous-préfet de Vervins (Aine) en 1903, et fut élu député en  1906. Il fit campagne pour la création de cantines scolaires et application de mesures d'aides aux enfants indigents de la commune. Très réputé pour sa science juridique, M. Pascal Ceccaldi a été nommé membre et secrétaire de la commission de législation fiscale, l'une des plus importantes de la chambre. Il a, d'autre part, repris sa place au barreau de Paris et collabore à divers journaux politiques. (Journal de la ville St-Quentin, 16 janvier 1907)

     ***

    Pascal Ceccaldi en Corse

              A la suite d'allégations et insinuations lancées par M. Ceccaldi contre M. Paul Roux, sous-préfet, celui-ci a fait demander à Pascal une rétractation publique ou une réparation par les armes.

              Pascal ayant refusé de constituer des témoins, il s'en est suivi, dans le Journal de la Corse, la publication de lettres et de documents furibonds et contenant les dernières injures à l'adresse de notre illustre épurateur national.

              Ces lettres et documents, tous plus durs et plus vengeurs les uns que les autres, semés d'épithètes blessantes et de qualificatifs non moins blessants, sont signés de MM. Paul Roux, Muraccioli, Docteur Pitti-Ferrandi, qui n'y vont pas de main-morte, vous pouvez le croire, et flagellent notre éminent législateur.

              Pascal ayant refusé réparation à M. Roux, le Journal de la Corse annonce que l'affaire se dénouera en cours d'assises. C'est la suite naturelle des procès ceccaldistes, qui occupent depuis quatre ans les tribunaux du Nord et du Midi.

              Nous avons encore du pain sur la planche, pour le plus grand honneur de la première circonscription, qui va jouir bientôt d'une renommée européenne, dit le Libéral de Vervins.

              C'est un article publié par le Journal de la Corse du 30 septembre qui a donné lieu à tous ces incidents. Nous n'en donnerons que les deux documents suivants:

    M. Paul Roux, Ajaccio:

              Mon cher Ami,

              Nous nous sommes rendus selon votre désir chez M. Pascal Ceccaldi, député, et nous lui avons demandé en votre nom rétractations publique ou réparation par les armes des allégations et insinuations contenues dans un article signé de son nom et publié dans le Journal de la Corse du 30 septembre 1909.

              M. Pascal Ceccaldi a refusé constituer des témoins, déclarant qu'il ne voulait avoir aucune conversation avec vous. Il a ajouté, tenant par là de créer une étrange diversion, qu'il consentirait à se mettre à la disposition de telle autre personne qui voudrait se substituer à vous. Votre personnalité étant aux yeux de la Corse entière au-dessous de toute discussion, nous nous abstiendrons de qualifier l'attitude de M. Ceccaldi et nous considérons notre mission comme terminée.

              Croyez, mon cher ami, à notre plus affectueux dévouement.  A. Muraccioli, Dr Pitti-Ferrandi.

              M. Paul Roux a répondu par la lettre suivante:

    A MM. Muraccioli et F. Pitti-Ferrandi:

                 Mes chers Amis,

              L'article dans lequel M. Pascal Ceccaldi a glissé à mon endroit quelques insinuations venimeuses et quelques accusations aussi absurdes que mensongères, était enveloppé de trop de réticences pour que j'aie pu me dissimuler un seul instant que ce faux brave n'en assumerait pas la responsabilité. Je connaissais d'ailleurs les procédés que ce triste personnage employait couramment à Vervins; je savais qu'insolent et brave avec les personnes qui lui paraissent sans défense, il était couard comme un lièvre avec les personnes capables de lui infliger les corrections qu'il mérite. je regrette de vous avoir dérangés inutilement, mais je suis heureux d'avoir montré à tout le monde que cet individu est aussi lâche que grotesque. Agréez, mes chers amis, avec mes excuses et mes remerciements, l'expression de mes sentiments affectueux. Paul Roux.(Le Guetteur de St-Quentin et de l'Aisne, 6 octobre 1909.)

     ***

    Chambre des députés.   Séance du 22 novembre 1909.

              Un long discours de M. Merle, un très intéressant discours de M. Jaurès, une courte allocution de M. Denys-Cochin, tel est le bilan de la journée. La séance est ouverte à deux heures sous la présidence de M. Brisson.

    M. le président. - J'ai reçu :

              De M. Ceccaldi, avec demande d'urgence, une proposition de loi tendant à ouvrir au ministère de l'intérieur un crédit de 100 000 francs pour venir en aide aux sinistrés de la commune d' Ota (Corse) victimes d'un ouragan.

              Le vote sur l'urgence aura lieu à la fin de la présente séance, avant le règlement de l'ordre du jour.(Le Journal de St-Quentin, 24 novembre 1909)

     

     

    ***

              Nous recevons par la poste un gros paquet: C'est une rectification à l'article "Ceccaldi- Roux-Muraccioli-Pitti-Ferrandi et Cie", qui a diverti nos lecteurs mercredi dernier.

              Nous y racontions que notre confrère du Courrier de l'Aisne avait reçu de Corse des journaux narrant l'épique démêlé du député Ceccaldi avec les témoins d'un M. Roux, sous-préfet de Corte, qui avait été injurié, diffamé par le dit M. Ceccaldi, député. Et nous terminions en disant que tout cela se passant en Corse, n'avait pas d'importance et que ces gens-là finiraient par se manger le nez... à moins qu'ils ne déjeunent ensemble. cela donnait le ton de l'article.

              Mais M. Ceccaldi, du coup, nous envoie un volume d'explications. Nous avons renoncé à comprendre, nos lecteurs ne seront pas plus heureux, mais comme nous faisons bonne mesure à nos adversaires, qui se chargent de temps en temps de faire ressortir par comparaison la nette et bonne rédaction du Journal de St-Quentin,  nous publions avec entrain. Voici le morceau:

    Paris, le 7 octobre 1909.

               Monsieur le gérant,

              Vous avez reproduit dans votre journal des lettres et un article que vous jugiez injurieux pour moi. Après leur première publication le gérant du "Journal de la Corse" a été sommé d'insérer la rectification. Puisque vous persistez à la laisser ignorer à vos lecteurs, je vous requiers aux termes de la loi de la donner, avec quelques explications complémentaires, aux même lieu et place dans votre prochain numéro.

    Ajaccio, 30 septembre 1909. Monsieur le Gérant du "Journal de la Corse", Monsieur le Gérant,

             Dans le "journal de la Corse" de ce soir vous avez publié deux lettres et un article. Les lettres étant signées, je me crois obligé d'y répondre. Quant à l'article, je le jugerai dès que j'en connaitrai l'auteur. Vous voudrez donc conformément à la loi insérer aux mêmes lieu et place cette rectification.

              J'ai reçu en effet aujourd'hui la visite de MM Pitti-Ferrandi et d'une autre personne qui a oublié de me dire son nom mais qui se fait connaître dans le "Journal de la Corse". M. Pitti-Ferrandi en sa qualité de premier témoin, ayant seul pris la parole m'a demandé de la part de M. Roux une rectification d'un article du rappel que "Le Journal de la Corse" a reproduit. J'ai répondu, et je n'ai pas changé d'avis, que je n'acceptais aucune discussion avec M. Paul Roux, à moins qu'on ne me déclarât que le télégramme signé par le sous-préfet de Corte et publié par tous les journaux constituait un faux.

              Cette déclaration ne m'ayant pas été fournie j'ai ajouté sans que l'autre Monsieur ait prononcé un seul mot: "Puisque vous êtes M. Pitti-Ferrandi, premier témoin, je vous déclare pour éviter tout malentendu dans le public que si vous voulez, vous ou tout autre, membre de sa famille, vous substituer à M. Roux, je constitue des témoins et la rencontre pourra avoir lieu demain ou après demain au choix." 

              M.Pitti-Ferrandi a déclaré qu'il ne voulait prendre aucune responsabilité, et il s'est retiré avec l'autre personne qui s'est abstenue de toute réflexion. Ce qui n'empêche pas M. Pitti-Ferrandi de fausser la vérité et de m'injurier dans une communication à la Presse.

              Une fois de plus je considère que M. Pitti-Ferrandi, premier témoin, est responsable de la communication, je n'aurai pas la mauvaise idée de lui envoyer des témoins mais si le Directeur de l'hygiène pense que sa dignité ne soit pas diminué par ce que je viens d' écrire, je me permettrai de le plaindre... sans plus !

              J' ai rencontré souvent des couards et quelquefois des Don Quichotte; j' ai plait les uns et j' ai ri des autres. Au lendemain d'un débat à la Chambre, où j' avais signalé des escrocs, un ingénieur m'envoya des témoins. J'ai donné aux témoins de ce Monsieur la réponse que j' ai faite à ceux de M. Roux. Le lendemain je fus injurié dans un Journal de l' Indre aussi important que le Journal de la Corse. Mon émotion ne fut pas grande. Les juges correctionnels de la Manche se chargèrent d'ailleurs, quelques mois après, de calmer celle de mon insulteur.

              Pour les faits cités à la Tribune, cet ingénieur fur condamné à trois mois de prison pour escroqueries. Je n'ai pas à préjuger de ce qu'il adviendra de l'incident que vous avez signalé mais  je puis affirmer, n'avoir jamais laissé croire que j'avais encaissé même par erreur 4.500 francs appartenant à la commune de Piana.

              Et maintenant écrivez encore que je suis lâche, couard ou poltron. Je me contente d'être ce que je suis et nul n'a pu se vanter dans aucun département où j'ai lutté de m'avoir impunément adressé des injures. M. Pitti-Ferrandi a la possibilité d'en faire la constatation puisque j'embarque Samedi soir seulement.

    Veuillez agréer ...

              En Corse où tout le monde se connaît et ou  nul ne se laisse impressionner par les grossièretés de certaines personnes je n'ai pas cru utile d'expliquer longuement pourquoi je refusais de me battre avec M. Roux. Mais pour vos lecteurs je vais préciser ma pensée. Ils jugeront ainsi vos procédés et apprécieront votre attitude.

                " Les Nouvelles" du 9 juin ont publié sous le titre " Verres en Corse" et les sous titres "Comment on administre dans le Maquis" - "Tripots et Confiscations" les lignes suivantes:

    Tripots et Confiscations

              Mais on reproche aussi à l'ancien trésorier payeur-général d'avoir "inspiré" à un de ses neveux sous-préfet de Corte une petite combinaison qui vaut d'être racontée tout au long.

              Il y a une dizaine d'années, la Corse avait deux communes rivales, Ota et Piana. Elles se firent un procès. Ota fut condamnée. Elle perdit une grande partie de ses terres communales et une somme de douze mille francs.

              Piana prit possession des terres, mais ne put toucher aux 12 000 francs, qui, par suite de nouvelles contestations, furent versés à la Caisse des dépôts et consignations. Piana, oublieuse, ne pensait plus à sa fortune, quand M. Bonfanti, moins oublieux, envoya vers elle son neveu, M. Paul Roux, sous-préfet de Corte. M. Paul Roux ne prit pas pour remplir cette mission sa serviette de chagrin gaufré, ni son bicorne à plume, il se présenta comme avocat (car il est avocat), mais sa fonction administrative était connue.

              Me. Roux apprit au maire de Piana que la commune qu'il administrait était riche sans le savoir, et, en même temps, il lui offrit ses bons offices, en lui demandant une "honnête commission" de 40%. Ce qui fut accepté. Me Roux et M. Bonfanti, qui était aussi un maître en son genre, firent diligence; et la bonne petite ville de Piana, sans connaître les lenteurs administratives, entra en possession de sa fortune moins les quatre mille et quelques cents francs que retint l'avocat.

             Mais comme finalement la morale est toujours sauve, même en Corse, le sous-préfet restitua les fonds prélevés par l'avocat, lorsque des gens scrupuleux se scandalisèrent, il y a environ un mois. Cette histoire n'est pas finie... Mais d'autres commencent.

              Dans son numéro de 14 juin, "Les Nouvelles" sous le titre "Questions indiscrètes à un sous-préfet" ont publié un télégramme qu'elles font précéder et suivre de réflexions très dures pour le sous-préfet de Corte. Notre confrère parisien s'exprime ainsi:

             "Monsieur Paul Roux  sous-préfet de Corte défend sa réputation compromise. Il le fait avec plus de véhémence que d'habilité. Il s'indigne, il menace, mais il ne se disculpe pas. Voici du reste l'interminable télégramme que M. Roux a envoyé:

             Je lis avec indignation dans N° de ce jour du "Journal de la Corse" une information  aux termes de laquelle j'aurais de complicité avec M. Bonfanti, ancien Trésorier Payeur Général de la Corse détourné:

              1° une somme de 4.000 francs au préjudice d'une Commune qui possédait une disponibilité à la Caisse des Dépôts et Consignations; 2° Une somme de 15.000 francs au préjudice de diverses autres communes.

              Il est exact que j'ai été mêlé à la première affaire visée par votre information... Des gens indignes ont surpris ma bonne foi pour me faire donner une signature de complaisance dans cette affaire qu'on me présentait comme absolument régulière; Homme politique, j'ai pu faire parfois dans ma vie acte de complaisance; je n'ai jamais touché un centime sur les 4.000 frs dont il s'agit et la faute que j'ai commise en donnant ma signature à la légère n'a porté aucun préjudice à la Commune car aussitôt que j'ai connu le caractère frauduleux de l'opération j'ai remboursé l'intégralité (capital et intérêts) d'une somme dont je n'avais pas touché le premier centime mais dont je me suis considéré comme moralement responsable.

              "Tous ces faits je me réserve de les établir devant les tribunaux dès que j'aurai fourni des explications complètes à mes chefs hiérarchiques, je n'aurai que l'embarras du choix des procédures."

              Si les Tribunaux, comme l'annonçait M. Roux le 14 juin, avaient effacé les accusations des "Nouvelles", j'aurais réservé le meilleur accueil à ses témoins. Je me serrais "battu bravement" comme l'a rapporté avec beaucoup d'autres journaux le Journal de Saint Quentin, le lendemain d'une rencontre qui a eu lieu il y a trois mois, ou lâchement comme vous voulez l'insinuer, mais je me serais battu.

             M. Paul Roux n'a pas poursuivi les Nouvelles. Tant qu'il sera dans la situation morale où il se trouve, je persisterai à penser que je ne puis pas me battre avec lui, et ce ne sont ni ses grossièretés, ni vos cris injurieux qui modifieront mon attitude.

             Ce télégramme que mon confrère parisien a commenté je ne me reconnais pas le droit de le juger après lui. Je recommande seulement à vos lecteurs les déductions impeccables de logique et de vigueur qu'il en a tirées; car je suppose; puisque vous voulez développer dans l' Aisne la politique Corse dont je n'ai jamais voulu parler à mes électeurs, que vous voudrez bien les reprendre pour vos lecteurs. Vous les trouverez dans ce même numéro du 14 juin que M. Roux devait déférer au Jury, et qu'il n'a même pas osé envoyer à mes commettants.

              Les Nouvelles du 30 juin ont d'ailleurs publié la délibération prise par le Conseil Municipal de Piana. Dans cette affaire, approuvée par le Préfet et annexée au mandat de paiement. J'y relève ces attendus suggestifs:

              -"Que cette somme aurait été atteinte par la prescription et perdue totalement pour la commune sans l'intervention de M. Roux.... et plus loin. Qu'il est équitable et de haute Justice d'indemniser M. Roux de toutes ses peines, soins et débours et de le récompenser pour le service signalé qu'il vient de rendre à la Commune de Piana en la mettant en possession d'une somme importante dont on ignorait l'existence."

             M. Roux a-t-il accompli des actes de complaisance. Vous vous seriez chargé de l'écrire en termes virulents si j'avais songé un instant à me prévaloir de son honorabilité ! Mais du moment où il m'injurie je suis sûr que vous lui trouverez toutes les qualités et les vertus d'un homme loyal, impeccable et consciencieux.

              Je m'en voudrais de vous donner de plus longues explications. Le Journal les Nouvelles lorsqu'il a accusé en a donné de très complètes. M. Roux n'a pas poursuivi donc M. Roux ne trouvera pas mauvais que je me refuse à être son avocat d'office.

            Ce rôle vous convient, vous le savez bien. Aussi je vous laisse le soin de le remplir avec la conscience que je vous connais. Je vous signale cependant ce passage de l'interview de M. le Maire de Piana publié dans les Nouvelles du jeudi 1er juillet 1909 et qui n'a pas été poursuivi.

             "Quelque temps après rencontrant M. Paul Roux sur le Cours Napoléon à Ajaccio, je l'abordai et je lui posai cette question: "savez vous que votre client m'impute le mandat qui vous a été délivré à l'occasion des huit mille francs que nous avons retirés de la Caisse des dépôts et Consignation ?" Et M. Roux avec un geste de lassitude me répondit: "Çà n'a pas d'importance !"

              Cette conversation que M. Roux n'a jamais contredite a eu lieu longtemps avant le remboursement. Ce qui n'avait pas d'importance alors en a eu énormément dans la suite.

             Voilà les quelques explications que je vous apporte aujourd'hui, je les fais suivre de cette déclaration; il ne me serai venu jamais à l'idée de parler dans ma circonscription des scandales dont a souffert, et souffre mon pays d'origine. Je me rappelle qu'après le rapport Clémenceau vos amis, toujours bons apôtres ont voulu me rendre responsable devant le corps électoral de ces abus que je n'avais pas dénoncés. Maintenant ils trouvent et vous trouverez préférable de nous instituer les défenseurs de ces mêmes abus et vous empruntez à des gens que je ne veux pas qualifier des notes ordurières et des écrits injurieux. cela m'indiffère. Mais si dans votre Comité de Direction parmi vos élus, dont l'honorabilité n'est pas discutable, vous en dénichez un qui veuille prendre la responsabilité des attaques dont je suis l'objet, je donnerai au public l'exemple que j'ai souvent donné. Le duel est un préjugé stupide et qui ne prouve rien, j'en ai usé pour éviter les croassements de certains corbeaux. S'il y a des amateurs dans vos rangs je suis encore prêt: On saura alors que je n'hésite jamais à payer de ma personne.

              Veuillez agréer, Monsieur le Gérant, l'assurance de ma considération distinguée.

    Pascal Ceccaldi Député de l' Aisne

              Et voilà. tant mieux si nos lecteurs comprennent quelque chose à  ces histoires de brigand, de Piana, de Ota, de Pitti, de Bonfanti, etc. ; quand à nous, nous n'y comprenons goutte. (Le Guetteur de St-Quentin et de l'Aisne, 12 octobre 1909.)

    Un certain M. Ceccaldi Pascal

     1914, avec M.Caillaux lors du procès Caillaux

     

     

    ***

    Ça est un malheur pour une fois, sais-tu ?

              Qu'on se rassure, la scène ne se passe ni en Belgique ni en Thiérache, mais en Corse, à Ota, propre patrie du député de Vervins.

              Il y a là-bas encore des Ceccaldi - on pensait le nôtre unique. L'un deux nous laissera tranquilles maintenant si l'on en croit cette dépêche du "Matin":

             Le nommé Ceccaldi ayant tiré un coup de revolver sur Luciani, celui-ci, malgré une blessure mortelle, a eu la force de riposter et de décharger entièrement son arme sur son adversaire qui fut tué net.

           Il suffit de s'appeler Ceccaldi pour avoir le sang chaud. A ce propos, notre confrère du "Républicain Vervinois" envoie à M. Ceccaldi, député, l'expression de ses sincères condoléances. En effet, en Corse on est tous cousins. (Journal de la ville de St-Quentin, 26 octobre 1912.)

    ***

    Un certain M. Ceccaldi Pascal

     

              A cours des examens du certificat d'études primaires qui ont eu lieu samedi à Vervins, un délégué cantonal pose cette question classique à un jeune candidat:

    -Citez le nom d'un grand homme né en Corse...

    Et l'enfant de répondre sans hésitation.

    - Ceccaldi !

    Evidemment !

    Il y a bien l'Autre, mais qui y songe ?  Ota éclipse Ajaccio. - Ota de là que je m'y mette. (Journal de la ville de St-Quentin, 2 juillet 1913.)

    *** 

    Mort de M. Pascal Ceccaldi

              On annonce la mort, après une courte maladie de M. Pascal Ceccaldi, député de l'Aisne.

              Né en 1876 à Ota (Corse). M. Ceccaldi avait été successivement secrétaire général des Basses-Alpes, sous-préfet de Vervins. Il avait été élu en 1906, au deuxième tour député de la première circonscription de Vervins, réélu en 1910 en 1910 au deuxième tour, et en 1914, au premier tour, contre M. Jean Richepin.

              M. Pascal Ceccaldi était un des avocats de M. Joseph Caillaux.

              Il avait épousé samedi dernier Mlle Giraud, fille de l'industriel bien connu.(La petite République, 7 novembre 1918.)

     Source Bibliothèque Nationale de France.

    Un certain M. Ceccaldi Pascal

     

    Un certain M. Ceccaldi Pascal

    Extrait d'une communication sur la pratique parlementaire de la 3e république. M. A Hebert. 

     

    En juin 1925 fut inauguré un monument à sa mémoire.

    Un certain M. Ceccaldi Pascal

     

     

    Un certain M. Ceccaldi Pascal

     

     

     

    Un certain M. Ceccaldi Pascal

     

     

    Un certain M. Ceccaldi Pascal

     

     

    Un certain M. Ceccaldi Pascal

     

     

     

     

    Un certain M. Ceccaldi Pascal

     

     

    Cette statue fut enlevée et détruite pendant la seconde guerre mondiale. Un buste la remplaça.

    Un certain M. Ceccaldi Pascal

     

     

     

    La place Pascal Ceccaldi devint la place de l'Hôtel de Ville.

    Un certain M. Ceccaldi Pascal

     

    Aujourd'hui un groupe scolaire et une école maternelle portent son nom.

     

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  • Articles de presse de 1920 à 1950.

    Faits divers.

     

     

    Parution du 20 juin 1920 dans "Le Petit Provençal".

    Sur la route de Porto à Evisa près d'Ota, le charretier Antonini Antoine-François, de Marignana, conduisait son attelage qui à un moment s'engagea sur une mauvaise voie. Voulant faire revenir la lourde charrette chargée de meubles le malheureux Antonini fit un faux pas et tomba sous les roues. La poitrine défoncée Antonini ne tarda pas à succomber. Il laisse une veuve et cinq enfants.

    Parution du 14 mars 1921 dans "Le Petit Provençal".

    Annonces commerciales: Cochons à vendre. 75 porcelets 2 mois. 14 à 18 kg. 105 fr pièce, livrables Ajaccio. Pressé.  Beau, domaine de Vaida, à Porto, par Ota (Corse).

    Parution du 14 novembre 1924 dans "L'Echo d'Alger".

    Ajaccio, 13 novembre.  Une rixe a éclaté à Ota (Corse), à propos d'un vol de deux poulets. A la suite d'un échange de coups de revolver, Spinosi Bonaventure, 25 ans, a été tué et Ceccaldi Marc, blessé mortellement.

    Parution du 19 janvier 1928 dans "Le Petit Provençal".

    le service de la sûreté qui procède à une efficace et méthodique épuration de Marseille, a fait, hier, une belle capture. Au cours d'une descente de police, les inspecteurs du groupe Ferrier, avec qui se trouvaient des inspecteurs de la 9em brigade mobile, ont arrêté un dangereux malfaiteur, Marc-Ange Ceccaldi, âgé de 23 ans, né à Ota (Corse). Il a pu être appréhendé sans difficulté. Cet individu s'est évadé le 13 décembre 1926 de la prison centrale de Nîmes où il purgeait une peine de 5 ans de prison qui lui avait été infligée, par la Cour d'assises de Bastia, devant laquelle il a comparu le 2 juin 1925, sous l'inculpation de meurtre. Conduit sous bonne escorte à la Sûreté, Ceccaldi a été écroué. Un expulsé, Paul Nizzo, âgé de 42 ans, originaire de Monaco, qui partageait la chambre de l'évadé, partagera aussi son sort et sera avec lui, déféré au Parquet. 

    Parution du 24 juillet 1928 dans "Le Phare de la Loire".

    Ajaccio. - 23 juillet. On apprend de Zicavo que deux jeunes filles françaises, venues en touristes, ont été attaquées, la nuit, près du bureau de poste d' Ota, petite localité située à 77 kilomètres environ d'Ajaccio. Deux individus de 25 à 30 ans leur ont volé leur argent et les ont maltraitées. Les jeunes touristes portent des traces d'égratignures sur tout le corps.

    Parution du 17 décembre 1931 dans "Le Petit Provençal".

    Le prix Cognac-Jay. Paris, le 16 décembre. Voici une première liste de prix pour familles nombreuses décernés par l'Académie Française, Fondation Cognac-Jay 1931, quatre-vingt-douze dotations de 26.000 francs sont attribuées par l'Académie. BOUCHES-DU-RHONE. Féraud Louis-Joachim, ouvrier agricole, quartier des grottes, Fos-sur-Mer, neuf enfants vivants. CORSE. Franchi André, cantonnier vicinal à Ota, onze enfants vivants.

    Faits divers sur Ota Porto de 1920 à 1950

    Parution du 25 septembre 1932 dans "Le Petit Marseillais".

    Au cours d'une discussion un sous-officier en retraite tire sur son antagoniste sept coups de revolver. La victime est dans un état grave.

    Ajaccio, 24 septembre. Vendredi vers 16 heures, le nommé Battini Dominique, sous-officier en retraite, demeurant à Ota, né le 16 mars 1889 à Cristinacce, a tiré sept coups de revolver sur Versini Pierre-Marie, hôtelier à Porto, qui fut atteint de cinq balles, dont deux à la tête, une à l'aisselle gauche, une à la fesse gauche et une à la cuisse droite. La victime a été transportée dans un état grave à l'hôpital d'Ajaccio. Le meurtrier s'est constitué prisonnier le soir même, ayant sur lui l'arme du crime, un pistolet Mauser, calibre 7,65. Cette tragique discussion a été causée par le fait que les chiens de Versini entraient dans la vigne de Battini et mangeaient du raisin. Celui-ci ayant fait une observation, Versini aurait répondu par des injures et des menaces.

    Parution du 3 octobre 1932 dans "L'Oeuvre".

    On arrête à Ajaccio un bandit corse et son compagnon. Ils étaient fortement armés.

    Ajaccio, 2 octobre. M. Natali, commissaire de police mobile à Ajaccio, ayant appris qu'un nommé Marc-Ange Ceccaldi, dangereux repris de justice, venait de débarquer à Ajaccio pour venger son beau-frère, Pierre-Marie Versini, grièvement blessé la semaine dernière à Porto par l'adjudant en retraite Dominique Battini, envoya deux inspecteurs de la sûreté à sa recherche. Ceux-ci l'aperçurent au moment où il montait dans un fiacre, place du Diamant en compagnie d'un autre jeune homme. Les deux inspecteurs sautèrent sur le marchepied, le revolver au poing, et invitèrent le cocher à se rendre au poste de police. Ceccaldi était armé de deux revolvers dont un parabellum et de 50 cartouches; le deuxième individu qui avait sur lui des papiers au nom de Toussaint Casanova reconnut être Ange-Charles Fantino, né à Nice où il est domicilié, 11 rue de la Croix. Il était également armé d'un revolver chargé. Ceccaldi et Fantino avaient en leur possession deux passages sur le Corte qui devait hier soir quitter Ajaccio pour Toulon. Marc-Ange Ceccaldi, repris de justice très dangereux, est né à Ota, le 9 août 1904. Recherché pour désertion il avait tiré plusieurs coups de revolver sur les policiers qui voulaient l'arrêter à Renno le 16 août 1931. Fantino et Ceccaldi ont été écroués à la maison d'arrêt.

    Parution du 8 mars 1933 dans "Le Petit Marseillais".

    Cour d'assises de la Corse. A Ota pour les gambades d'un chien un homme avait été grièvement blessé.

    Bastia, 7 mars. On reste souvent confondu de la futilité de l'origine de certains drames. Dans le courant du mois de septembre 1932, le nommé Battini Dominique, avait eu une discussion avec le sieur Versini Pierre-Marie, au sujet des dommages que le chien de ce dernier avait causé à sa vigne.

    Le 23 septembre, dans la matinée, Battini, accompagné de sa femme quittait le village d'Ota où il demeurait pour se rendre à sa propriété de "Rio" territoire du hameau de Porto. En arrivant devant la maison de Versini Pierre-Marie, située sur leur chemin, ils rencontrèrent la femme de Versini et sa belle-mère, la veuve Ceccaldi Françoise. Des propos assez vifs furent échangés de part et d'autre à l'occasion des dommages occasionnés par le chien. Le soir Battini Dominique revenant du travail avec sa femme et tous deux repassaient devant la maison de Versini. Mais Battini Dominique s'arrêtait, réveillait Versini Pierre-Marie et lui demandait des explications sur la scène qui avait eu lieu le matin. Il lui disait: "Ce matin, ta belle-mère m'a interpellé à cause du chien". Versini répondait: "Laisse moi la paix, je ne veux pas m'occuper toujours des chiens qui t'ont causé des dommages, tu n'as qu'à les faire expertiser et je paierai". La discussion ne tardait pas à s'envenimer, mais l'intervention des personnes présentes y mettait fin. Versini se rendait à son domicile et Battini se dirigeait pour son son travail au moulin de Porto.

    Peu de temps après, Versini Pierre-Marie, à son tour, arrivait sur la  place de ce moulin. Les témoins se précipitaient à sa rencontre en criant: " Pierre-Marie, fais-le pour moi, fais-le pour moi". A cet instant, Battini Dominique, revolver au poing apparaissait et faisait feu à plusieurs reprises sur Versini qui, malgré ses blessures, rejoignait son domicile. Battini ne tardait pas à se constituer prisonnier.

    Il a reconnu la matérialité des faits. Mais il se prétend, contre toute évidence, en état de légitime défense. Il n'a pas d'antécédents judiciaires. Les renseignements recueillis sur son compte sont favorables. La victime, en  plus des troubles de la face, a conservé une diminution de la capacité fonctionnelle des deux membres inférieurs et une incapacité permanente presque totale du bras gauche.

    L'audience est ouverte à 9 heures. M. Dominique Battini, retraité, croix de guerre, médaillé militaire, affirme que Versini l'avait menacé et provoqué en mettant la main dans la poche de son pantalon. Il a tiré pour défendre sa vie en danger. Versini soutient au contraire qu'il avait l'habitude de garder la main dans la poche de son pantalon et qu'il n'avait aucune intention homicide, n'ayant pas d'arme sur lui. Comme dans de précédentes affaires, certains témoins sont en contradiction avec leurs premières déclarations, ce qui amène le président à les admonester sévèrement. L'audience, suspendue à midi, est reprise à 14 heures. Me de Corsi, organe de la partie civile, demande justice au nom de la victime, et M. Baichère requiert contre Battini. Mes Zucarelli et de Montera présentent la défense de l'accusé, qui doit être rendu à la liberté, s'étant trouvé dans le cas de légitime défense.

    Après une brève réplique du ministère public et une courte riposte de Me de Montera, le jury rend un verdict négatif. Battini est acquitté. La session est close.

    Parution du 8 mars 1933 dans "Le Petit Provençal".

    Le sous-officier en retraite Battini Dominique, qui tenta de tuer l'hôtelier Versini, est acquitté. La session est close.

    Bastia, 7 mars. Cette affaire est la dernière de la session du premier trimestre 1933; commencée le 20 février, elle a donc duré seize jours.

    Seize accusés ont comparu devant le jury; cinq appartenant à l'arrondissement d'Ajaccio; deux à celui de Bastia; trois à l'arrondissement de Calvi; un à celui de Corte et cinq à l'arrondissement de Sartène.

    Le jury est appelé aujourd'hui à juger le nommé Battini Dominique sous-officier retraité, demeurant à Ota, né le 16 mars 1889, à Cristinacce, qui est accusé d'avoir, le 23 septembre 1932, au hameau de Porto, tenté de donner volontairement la mort à Versini Pierre-Marie.

    L'accusé a tiré sept coups de revolver sur Versini Pierre-Marie, hôtelier à Porto, qui a été atteint de cinq balles dont deux à la tête, une à l'aisselle gauche, une à la fesse gauche et une à la cuisse droite. Le meurtrier s'est constitué prisonnier le soir même du crime, ayant sur lui l'arme du crime; un pistolet Mauser, calibre 7mm65.

    Après avoir exposé l'affaire, le président fait connaitre que l'accusé Battini Dominique n'a pas d'antécédents judiciaires. Les renseignements recueillis sur son compte sont favorables. Dans son interrogatoire, l'accusé reconnait la matérialité des faits, mais il se prétend en état de légitime défense. Le président passe ensuite à l'audition des témoins. Le médecin-expert, le docteur Del Pellegrino, est entendu le premier. Il déclare que la victime, en plus des troubles de la face, a conservé une diminution de la capacité fonctionnelle des deux membres inférieurs et une incapacité permanente presque totale du bras gauche. La victime dépose ensuite. Elle soutient qu'elle n'a pas tiré sur Battini. C'est lui seul qui a tiré. Les six autres témoins entendus confirment presque tous leurs déclarations écrites. Le président est obligé de faire arrêter le témoin Leca Marcelline, née Cacciaguerra qui a fait une fausse déposition.  Ce témoin s'étant décidé à dire la vérité, le président le fait mettre en liberté. La parole est donnée à Me De Corsi, qui représente, aux débats, les intérêts de Versini. L'organe de la partie civile retrace la scène du crime, détruit le système de légitime défense invoqué par l'accusé et conclut à la culpabilité de Battini. En terminant, Me De Corsi réclame du jury un verdict de justice. M. le substitut général Baichère prononce son réquisitoire. Il expose avec clarté le récit du drame de Porto, démontre que Battini Dominique a tenté de donner volontairement la mort à Versini et que l'excuse de la légitime défense ne peut être admise en faveur de l'accusé.

    L'honorable organe du ministère public demande à MM. les jurés un verdict de fermeté. Me Zuccarelli et De Montera présentent successivement la défense de Battini Dominique. Ils s'efforcent d'établir que leur client a agi en état de légitime défense parce que la victime était armée et qu'elle a agressé l'accusé. Ils réclament du jury un verdict de libération. 

    Le verdict du jury étant négatif, Battini Dominique est acquitté et remis immédiatement en liberté. la session est close.

    Faits divers sur Ota Porto de 1920 à 1950

    Parution du 5 septembre 1935  dans "Le Petit Provençal".

    Ajaccio, 4 septembre. Le prince de Galles fait, en ce moment une croisière sur les côtes de Corse, à bord du yacht "Cutty-Sark", appartenant au duc de Wesminter. Dans le golfe de Porto, il fut reconnut par un peintre parisien, qui lui offrit une toile, représentant le golfe. Le prince alla le remercier à terre, et fit une déclaration très élogieuse sur la beauté de la Corse. Le "Cutty-Sark" a levé l'ancre, hier mercredi, pour continuer sa croisière.

    Parution du 2 octobre 1936  dans "Le Petit Provençal".

    Un navigateur tire un coup de revolver sur un noir. Hier, à 14h30 dans le bar des Messageries situé Cap Pinède, une discussion s'élevait entre deux navigateurs. Tout à coup, l'un d'eux sortant un revolver automatique de sa poche, tira un coup de feu sur son adversaire, un noir, nommé Bonbonka Yalon, 35 ans, navigateur, à bord du "Providence". Le blessé était transporté à l'Hôtel-Dieu, tandis que l'auteur du coup de feu, le nommé Dominique Spinosi, 28 ans, né à Ota (Corse), célibataire, navigateur à bord du "Jean-Laborde", était conduit au poste de police de la Joliette.

    Interrogé par M. Rossi, commissaire de police du Xe arrondissement, assisté de M. Charpentier, secrétaire, Spinosi déclara: "Hier vers midi, me trouvant au bar-restaurant Marius, j'eus une discussion avec un noir qui me reprochait d'avoir "frôlé" son amie et qui me saisissant par le bras , me menaça." Dans l'après-midi, le noir aurait encore menacé Spinosi, qui se trouvait alors dans le bar du Cap-Pinède. C'est à ce moment que, pris de peur, il prit un pistolet automatique et il tira sur son antagoniste. Ce dernier, touché au sommet de l'épaule droite, se précipita sur Spinosi, qu'il désarma et terrassa. Le noir, interrogé à son tour, déclara au commissaire qu'il n'avait provoqué personne. Spinosi a été écroué et mis à la disposition du Parquet. 

    Parution du 4 novembre 1936 dans "Le Petit Marseillais".

     Paris, 3 novembre. Des récompenses pour acte de sauvetage dans les eaux maritimes ont été décernées: Médaille d'argent de 2e classe. MM. Gazano Ange 28 ans, conducteur d'automobile, domicilié à Bonifacio (Corse); Vernouillet Gabriel 46 ans, domicilié à Porto Marine, commune d'Ota (Corse); ont fait preuve du plus beau courage le 6 septembre 1935, en se jetant à l'eau pour porter secours à un baigneur en détresse dans le port de Porto. Malgré une forte houle et au risque de se blesser sur les rochers, ont réussi à atteindre et à ramener au quai la victime inanimée.

     

    Parution du 27 mai 1941 dans "Le Petit Provençal".

    Annonces classées. Alimentation. Corse. Contre mandat 30fr, j'expédie franco poste, baies de myrte suffisant pour faire 6 litres délicieuse liqueur maquis, 200 grammes feuilles d'eucalyptus, 100 grammes fleurs de châtaignier. Tisane dépurative. BEAU, à Porto par Ota (Corse).

    Parution du 6 novembre 1942 dans "Le Petit Provençal".

    Le problème chaque jour plus complexe du ravitaillement. Le ravitaillement familiale, objet de tant de préoccupations pour tous, pose un problème toujours plus complexe à ceux qui ont la lourde charge de répartir équitablement les denrées nécessaires à notre existence. Transports, manque de matières premières, pénurie d'emballages, autant de sérieux obstacles qui paralysent chaque jour davantage les meilleurs initiatives. Les pouvoirs publics, notre préfet régional en tête, s'efforcent de remédier à cette situation au mieux des intérêts essentiels de la population qui, en présence des difficultés actuelles, fait montre d'une discipline véritablement exemplaire.

    Certes, tout n'est pas encore parfait. Mais peu à peu, il sera possible d'empêcher, du moins dans une large mesure, certains abus dont sont victimes les consommateurs de conditions modestes. Des vérifications sévères dans la répartition des légumes, par exemple depuis le grossiste jusqu'au détaillant, mettront un terme à certains trafics.

    Les pâtes alimentaires doivent céder le pas, actuellement, aux pommes de terre qui, stationnées en gare, ne peuvent y faire un séjour trop prolongé. La question du lait fait l'objet de mesures sévères. Si la viande est rare, c'est que notre cheptel ne peut encore se renouveler dans des conditions normales. On nous promet des châtaignes. Déjà des rations de cet excellent fruit nous ont été largement consenties. La Corse peut nous donner des châtaignes en échange desquelles il paraîtrait juste de lui céder des pommes de terre dont elle manque.

    C'est tout l'ensemble du problème du ravitaillement qui fait, actuellement, l'objet d'études approfondies à la préfecture régionale et de soins particulièrement vigilants et attentifs. Soyons-en reconnaissant à M.J. Rivalland et faisons lui confiance.

    Parution du 20 janvier 1944 dans "Le Journal".

    L'échec du ravitaillement anglo-americain en Corse. Tanger, 19 janvier. La "Liberté", journal communiste d'Afrique du Nord, publie une lettre d'un patriote corse "adressée à ses parents en Algérie".

    "Tout, absolument tout, manque en Corse où la situation s'avère désespérée, écrit-il. Les paysans ne savent pas où ils trouveront les semences pour la prochaine campagne agricole. Les prix ont atteint des chiffres astronomiques. Les quelques marchandises que l'on peut se procurer par troc ne suffisent pas à empêcher la population de mourir de faim. La reconstruction des routes et des ponts détruits par la guerre n'avance qu'a une extrême lenteur. Bon nombre de localités sont toujours coupées de toute communication avec les pays voisins". Selon une autre lettre que publie également la "Liberté", le village d'Ota est resté dix jours sans un seul morceau de pain. La ville d'Alger aurait envoyé il y a quelque temps, parait-il, un peu de farine, mais les moyens de transport ont manqué pour son acheminement. Lorsque les trente sacs de farine sont enfin arrivés à destination, on s'est aperçu que vingt-six d'entre eux étaient remplis de chiffons sales et de divers détritus. En décembre, les maigres rations du mois de novembre n'étaient pas encore distribuées.

    Parution du 24 septembre 1944 dans "L'Echo d'Alger".

    Annonces classées. Matériel. Machine à calculer neuve ou état neuf demandée par M. J.BEAU, industriel à Porto (Corse). Adresser offre avant 30 septembre à M. BEAU, en traitement, lit 29, salle Dupuytren, hôpital de Mustapha, Alger. (76.028 bis).

    Parution du 11 septembre 1945 dans "Le Journal officiel de la République française".

    Par arrêté en date du 3 septembre 1945, la médaille d'honneur des eaux et forêts est décernée à M. Leca (Martin), garde domanial des eaux et forêts à Ota (Corse) (24 ans de services forestiers).

    Parution du 16 février 1949 dans "La Croix".

    Qui donne aux pauvres. . . Le curé d'une petite paroisse corse fait appel à la générosité des lecteurs de La Croix pour l'aider dans la restauration de son église, dont la toiture est en mauvais état. De plus, il est nécessaire d'en refaire l'aménagement intérieur: adresser les dons à M. l'abbé Paul Vellutini, curé à Ota (Corse). C. c. p. 4793 Ajaccio.

    Parution du 5 décembre 1950 dans "Paris-Presse, L'Intransigeant".

    Ollioules-Porte de Pantin: 13 ans de vendetta. 23 hommes originaires de Corse, victimes de rivalités entre bandes.

    29 juillet 1946 à Paris,36 rue Pigalle. La fusillade éclate devant le bar "Le Hollandais" à Paris dont le propriétaire était Vesperini. Son automobile avait servi, comme celle de Salicetti, à l'agression contre l'usine Panhar (8 millions). Morazzini Jacques né a Zicavo (Corse) tué, Morganti Paul né à Olmetta (Corse), blessé. Venturi Dominique né à Marseille, blessé. Geronimi Dominique né à Ota (Corse), blessé. Auteurs et mobile; Morazzani était le plus visé. Il avait abattu le 19 août 1936, Jules Malandri et avait été condamné à 5 ans de prison. Le 18 avril 1932, Antoine Malandri, frère du précédent, arme le bras d'Antoine Rossi, qui abat Antoine Morazzani, frère de Jacques. Antoine Malandri meurt au bagne, Rossi s'évade et reprend la vendetta, à laquelle aurait participé Salicetti.

     Source Bibliothèque Nationale de France.

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  •                                                  Cela se passait en 1845, elle avait tué l'homme, qui après l'avoir mise enceinte, s'exonéra de ses obligations, de sa promesse de mariage et la diffama. Réparation de l'outrage et de l'honneur familiale. A travers son procès c'est la vie de cette jeune fille, et une fenêtre ouverte sur la vie au village, les codes d'honneur et les règles de vie de l'époque qui transparaissent de ce récit.

     

    Maria Fiordispina Padovani

     

    Le Droit, 22 octobre 1845.

    Mœurs corses. Un instituteur tué par sa maitresse.

           Corte (Corse), 12 octobre.  Séduite par une promesse de mariage plusieurs fois renouvelée, une jeune et honnête personne de l'ancienne province de Vico avait eu la faiblesse d'entretenir une liaison intime avec l'instituteur de la commune.

         Sa confiance dans la sincérité et la durée de son attachement étaient d'autant plus grandes, que les convenances d'âge, de condition et de fortune, semblaient lui garantir la prochaine réalisation du plus cher de ses vœux.

          Elle s'était flattée d'un autre côté que la naissance d'un enfant aurait été un lien de plus, que la tendresse du père lui répondrait de la fidélité de l'amant. Cependant elle ne tarda pas à s'apercevoir que sa confiance dans la foi des serments les plus solennels n'était en définitive que l'illusion d'un amour crédule. A l'infidélité vint se joindre la dérision.

          Le magister de la commune déclara qu'il n'avait jamais songé à une pareille union. C'eût été une véritable mésalliance; sa position et ses talents lui permettaient de porter plus haut ses vues et ses hommages. ce langage imprudent ne pouvait manquer de blesser profondément les parents de la fille délaissée. Le laisser impuni leur semblait une lâcheté. Il fut décidé qu'on en tirerait immédiatement une vengeance éclatante.

          - "Non, dit la jeune et énergique Fiordispina, c'est à moi et à moi seule qu'il appartient de punir le traitre: Il ne sera pas dit que j'ai compromis mes frères après les avoir déshonorés. C'est de cette main qui sans ses perfides étreintes serait encore pure, qu'il recevra le coup mortel." Comme le plus jeune de ses frères insistait: "Non, encore une fois, ajouta-t-elle, c'est bien assez que ma famille ait à rougir de mes faiblesses. D'ailleurs j'ai trois fois plus de courage qu'il n'en faut pour châtier son insolence; si le cœur a failli, le bras ne faillira point."

          Un autre motif de ressentiment vint hâter l'explosion de la vengeance. On lui rapporta que l'instituteur tenait des propos de nature à faire supposer que d'autres avaient partagé avec lui ses faveurs: que dès lors on devait concevoir sans peine les motifs de son refus et de sa répugnance.

           L'ayant aperçu jouant aux cartes sur la place du village, la jeune Fiordispina s'avançant vers lui d'un pas ferme:  "Est-il vrai, lui demanda-t-elle d'un ton calme mais décidé, que tu me méprises, après m'avoir trompée? On m'assure que tu voudrais me faire passer pour une prostituée?" Surpris d'abord de cette brusque interpellation, le maitre d'école voulut s'esquiver: "Réponds donc, reprit cette amante irritée, ou je te brûle."

          Pour toute explication, l'instituteur, la regardant avec un sourire sardonique, reprit tranquillement la partie interrompue; mais ce devait être pour la dernière fois.

          "Est-ce ainsi que tu répares l'outrage fait à ma réputation et à l'honneur de ma famille, misérable! s'écria-t-elle en dirigeant contre sa poitrine un pistolet caché sous sa robe; il faut que tu meures." Quelques jours après il rendait le dernier soupir.

          Cette femme a traversé la ville de Corte le 8 du courant sous la garde de la gendarmerie. Elle s'est constituée volontairement, pour être jugée aux prochaines Assises de la Corse.

         Sans être jolie, elle est remarquable par la noblesse de son visage et le jeu spirituel de sa physionomie. ce qui domine dans l'ensemble de ses traits et de sa personne, c'est un caractère frappant de virilité, que tempère la modestie de son maintien. Sa taille est haute et bien prise.

     

     

     *****

     

    Cour d' assises de la Corse (Bastia).

    Présidence de M. Gavini, conseiller.

    Audience des 9 et 10 décembre 1845.

    (Correspondance particulière du Droit, Bulletin des Tribunaux.)

    Affaire de Fiordispina Padovani. - Assassinat commis par une fille sur son amant.

             La grand'salle suffit à peine à l'auditoire nombreux et choisi qui se presse de toute part pour assister à ces débats. Plusieurs dames occupent des places réservées dans les tribunes. On remarque derrière les sièges de la Cour M. le maréchal Sébastiani; M. le général duc de Saint-Simon, pair de France; M. Pompeï, ex-préfet d'Indre-et-Loire; M. Jules de Champmorin, colonel du 10e de ligne; plusieurs magistrats, jurés et avocats.

             L'accusée est introduite. En vain fait-elle des efforts pour retenir ses yeux fixés modestement sur le sol, la nouveauté du lieu où elle pénètre pour la première fois, le bruit qui se fait à ses côtés, une population immense au milieu de laquelle elle ne connaît que quelques témoins, le désir d'y rechercher sa mère, qu'elle trouve enfin, et avec laquelle elle échange un léger sourire arrêté par un triste soupir, l'emportent et font remarquer ses traits.

             Sa taille est ordinaire, son visage assez agréable, ses yeux noirs et ses cheveux châtain clair, son teint légèrement coloré. sa mise est simple et propre. Trois épingles en or attachent sur ses épaules et sur sa poitrine un châle en laine imprimé fond noir.

             L'huissier de service annonce la Cour, et un silence profond s'établit.

       M. le président à l'accusée. - Levez-vous. Quels sont vos noms, âge, profession et lieu de naissance ?

       L'accusée. - Maria Fiordispina Padovani, âgée de 22 ans, ménagère, née et demeurant à Ota, près Vico.

            Mes Viale, ancien procureur du roi, et Montera, avocats, sont au banc de la défense.

           L'acte d'accusation reproche à l'accusée d'avoir donné la mort, avec préméditation, au moyen d'un coup de pistolet, à Achille Franchi, instituteur communal, dans les circonstances qui sont avouées par la fille Padovani, et que nous allons entendre répéter de sa bouche.

            Quatorze témoins sont assignés; le curé d'Ota ne répond pas: il est malade. Les défenseurs de l'accusée demandent le renvoi de l'affaire à une autre session; car, disent-ils, ce procès git tout entier dans la moralité, et comme c'est en sortant de chez M. l'abbé Brosini que le crime a été commis, personne ne peut nous dire quelle a été la conversation tenue par cet ecclésiastique.

            M. le procureur-général s'oppose au renvoi, du moins quant à présent. Le curé d'Ota, dit le ministère public, n'a jamais été entendu, nous ne savons pas ce qu'il peut dire. Quand sa présence sera utile aux intérêts de la justice, et lorsque je dis les intérêts de la justice, j'entends à la fois et l'intérêt sacré de la défense et celui de la société qui accuse, je serais le premier à m'unir aux défenseurs pour requérir le renvoi de l'affaire.

            La Cour, après en avoir délibéré en la chambre du conseil, a ordonné qu'il serait passé outre aux débats, sauf à prendre, dans l'intérêt de la justice, telles mesures qu'elle croira convenables.

            M. le président fait retirer tous les témoins, et demande à l'accusée de raconter les circonstances du fait qu'on lui reproche.

            L'accusée. - En 1833 vint à Ota, en qualité d'instituteur, l'infortuné Franchi; il logeait en face de ma maison. Pendant une année entière il me poursuivit de ses instances, de ses messages. Mon père était mort, ma mère avait convolé à de secondes noces dans un autre village. J'avais à soigner mon grand-père octogénaire, mes deux frères et une sœur plus jeune que moi. Je restai sage; je ne voulus jamais l'écouter. Un jour, il s'aperçut que j'étais seule à la maison; il s'y introduisit. Il me fit mille promesses; il me jura qu'il m'épouserait. Dans ses transports d'amour, il me jeta par terre. J'étais à lui. Revenue de ma stupeur, je fondis en larmes. Il sortit, puis il revint quelques instants après me réitérer ses promesses et me supplier de ne rien dire à personne de ce qui venait de se passer. Ses relations continuèrent; je devins enceinte. Ma grossesse devenait apparente, et l'instituteur me disait de simuler une autre indisposition jusqu'au mois d'octobre, car il comptait aller, pendant les vacances, chez lui à Lopigna, en parler à son père et revenir m'épouser avec le consentement de celui-ci.

           Ma famille commençait à s'inquiéter de mon état; elle parlait de me soumettre à un traitement; elle voulait me marier. Je finis par tout avouer à mon frère et à mon cousin-germain. On attendit le retour de l'instituteur. Il arriva. Mon cousin voulut lui parler le premier; mais l'instituteur nia avoir eu des relations avec moi; il ajouta que, dans quinze jours, cette affaire serait éclaircie et son innocence reconnue. Mon frère y alla à son tour, et lui fit les propositions les plus avantageuses. " S'il s'agit de la dot, lui dit mon frère, nous considérons Fiordispina comme un garçon". Franchi protesta toujours qu'il n'était pas l'auteur de ma grossesse. En attendant, il faisait courir le bruit que j'avais été la bonne amie d'un bandit nommé Séraphin Battini, de son frère Jean Battini, d'un certain Francescone Leca. Il chercha le bandit et l'engagea à se déclarer l'auteur della corpata (de la grossesse).

            Le bandit ne voulut pas prendre sur son compte cette calomnie, et chargea un habitant du village de donner à Franchi un démenti formel. Mon grand-père, mes frères ne voulaient plus me voir. Ils m'avaient chassée de la maison; je vivais avec une femme qui eut pitié de mon état et me reçut chez elle. J'étais dans le huitième mois, je priai mon cousin de me ménager une entrevue avec l'instituteur. J'y fus. En me voyant entrer, Franchi s'écria: Que veut cette femme? - Autrefois, c'étais vous, lui dis-je, qui veniez me chercher, maintenant c'est moi. L'instituteur protesta qu'il ne m'avait jamais connue. Je voulus retenir mes larmes, mais bientôt après j'éclatai en sanglots. Mon frère les entendit de sa maison; il accourut et me fit sortir de là.

            Quand j'étais dehors, il renouvela ses propositions à mon séducteur, qui les refusa encore.

            Au mois de janvier, j'accouchai d'une fille, qui mourut au bout de six jours. Je fis supplier Franchi de faire enregistrer cette enfant en son nom; il ne voulut point. Enfin, je renonçais à toute demande de mariage. Je me contentais d'un simple aveu de sa part. Il fut inexorable.

           Mon frère, mon cousin, se rendirent successivement chez M. Franchi, lieutenant en retraite à Lopigna, lui racontèrent les choses et l'invitèrent à engager son fils à les réparer. Cet ancien officier promit de se rendre à Ota au mois d'octobre 1845, pour prendre des renseignements, alors que son fils serait en vacances.

           En attendant, on disait dans la commune que l'instituteur changeait de résidence; on ajoutait qu'il devait épouser une des demoiselles chez lesquelles il logeait: on la nommait même. Cette famille était devenue mon ennemie; elle répandait des bruits contraires à ma réputation. Je fus chez M. le curé pour le prier d'engager Franchi à ne pas me calomnier et à m'accorder une dernière entrevue. Le curé, me répondit : Il me recevra mal, comme lorsque je lui ai parlé pour vous il y a quelque temps. N'importe, ai-je ajouté, vous recevrez ses insultes, pour l'amour de Dieu. Allez -y je vous supplie ! Le curé, avec sa bonté évangélique, accepta cette mission, et le lendemain, lorsque je fus auprès de lui pour en connaître le résultat, il me dit : "Malheureuse fille ! vous n'avez rien à espérer ! A mes interpellations, l'instituteur à répondu en ces termes : Comment, elle a toujours dans la tête que c'est moi qui l'ai rendue enceinte ? Elle ose encore prononcer mon nom, cette p.... ? Dans ce moment-ci, elle est enceinte de quatre mois d'un homme marié, de Francescone Leca".

            Je sortis de chez M. le curé, sans mot dire; le sang m'étais monté à la tête; ma raison m'abandonnait. Je me voyais perdue, abandonnée; avilie, calomniée par l'homme aux désirs duquel j'avais résisté pendant une année entière. Il savait que je n'avais cédé que sur ses promesses réitérées, et il me traitait ainsi ! Egarée, je courus dans la chambre de mon frère; il était absent. Je savais où il tenait un pistolet : J'ouvris sa malle, je pris l'arme. L'instituteur, dans l'intervalle d'une classe à l'autre se tenait sur la place. J'y fus immédiatement; il s'y trouvait en effet. Il était occupé à regarder une partie de cartes, je fis feu sur lui; j'ai appris après qu'il avait été blessé au dessus de l'oreille gauche. Je pris la fuite; mais bientôt après, je me remis entre les mains de la gendarmerie.

             M. le président à l'accusée. - Dans votre village, le bruit ne s'était-il pas répandu que vous aviez des relations avec d'autres individus ?

            L'accusée. - Un certain Francescone Leca m'avait fait demander en mariage. J'ai refusé sa main, parce qu' il vivait avec une femme qu'il avait épousé clandestinement devant l'Eglise (a mal destino). Leca, qui est d'un caractère vain et léger, pour se venger de mes refus, se vantait d'avoir eu des relations intimes avec moi, et même que j'étais enceinte de lui de quatre mois.

            M. le président. - Il est positif que vous n'étiez pas enceinte au moment de votre arrestation. Après l'évènement du 16 juillet, Franchi vous fît-il des propositions?

            L'accusée. - Non, il fut transporté aux bains de Vico, où il mourut quarante jours après, des suites d'une opération faite dans le but de lui extraire la balle, qui s'était enclavée dans les os de la tête. Là, il dit qu'il avait eu des relations avec moi, mais qu'il n'avait pas été le seul. Il persista à dire que j'étais enceinte.

            On procède à l'audition des témoins.

    Fieschi Jean, dépose :

            Nous étions douze ou quatorze jeunes gens sur la place, les uns jouant aux cartes, les autres pariant pour ou contre, et tous regardant le jeu. Tout-à-coup, une explosion d'arme à feu se fit entendre. Une voix s'écria : Tiens !... Et Franchi ajouta : Je suis mort! la vache m'a tué. Fiordispina prenait la fuite. Me rendant à Ajaccio, pour déposer devant M. le juge d'instruction, je rencontrais le bandit Séraphin Battini, qui me raconta que l'instituteur l'avait prié de s'attribuer la grossesse de Fiordispina; mais le bandit ne voulut point y consentir.

    D. Que dit-on dans le village sur la réputation de Fiordispina? -R. Les uns disaient qu'elle avait bien fait; les amis de Franchi reprochaient à l'accusée d'avoir eu des relations avec Francescone: mais ce dernier est un fanfaron qui se vante de beaucoup  de choses. A tout prendre, la réputation de Fiordispina est bonne.

    Luciani Dominique. - j'ai rencontré Fiordispina qui fuyait, un pistolet à la main. J'entendis Franchi se plaindre de cette fille, il disait qu'elle était enceinte des œuvres de Francescone Leca. Mais ce bruit était très-vague, car, d'une part, la grossesse ne s'est point vérifiée, et, d'un autre coté, Fiordispina a refusé de se marier avec Francescone, qu'on disait être l'auteur de cette prétendue grossesse.

    Catillon, sous-lieutenant de voltigeurs corses. - L'instituteur Franchi, trois mois avant sa mort, vint me demander de le faire accompagner par deux voltigeurs, car il craignait les parents de Fiordispina. Je l'aurais épousée, ajouta-t-il, mais elle a eu des relations avec Francescone Leca.

    Susini Michel. - J'étais l'un des quatre partenaires qui étaient au jeu. L'instituteur se trouvait près de moi. Je ne vis pas la personne qui venait de le blesser. Franchi la désigna et ajouta: elle est même enceinte en ce moment. On parlait au village de Francescone, mais Fiordispina a refusé de se marier avec lui, et l'on pense que c'est par dépit que ce dernier se vantait d'avoir abusé de Fiordispina. Du reste Francescone est d'un caractère tel, que si aujourd'hui il cause avec une femme, demain, il publie qu'il l'a embrassée.

    Leca Mathieu, parent éloigné de l'accusée. - Le témoin était aussi sur la place; pas un mot n'a été prononcé avant l'explosion. La réputation de Fiordispina est équivoque. Alors qu'elle était à peine âgée de 16 ans, dit le témoin, elle faisait des cadeaux en vin, en huile, aux deux frères Battini, et le pays murmurait. Six mois avant son accouchement, la mère de Fiordispina, vers la fin du mois de juillet 1844, sachant que je devais aller au village de Chidazzo, me dit, en présence de sa fille, de chercher à marier celle-ci avec un certain Benedetto-Maria de cet endroit. J'étais décidé à demander quelles auraient été les prétentions de cet individu quant à la dot, lorsque, chemin faisant, je rencontrais Francescone leca, qui me dit: "Fiordispina se marie hors d'Ota, mais elle est enceinte. - Enceinte! m'écriai je, et de qui? -On dit de moi, mais ce n'est pas vrai. -Personne au village ne dit cela, tu es le premier individu qui m'en parle. - Si on veut me la donner, je la prendrai, elle est gentille et sa dot est assez rondelette. -Mais tu es marié. -Bast! je n'en veux plus de ma femme, nous sommes séparés depuis huit mois, et d'ailleurs, il n'y a eu entre nous d'autre mariage que celui de l'Eglise, et encore je me suis présenté à l'Eglise au moment où le curé disait sa messe, et je me suis écrié: Celle-ci est ma femme..., et elle: celui-ci est mon mari".

           Après une telle conversation, ajoute le témoin, je me suis abstenu de parler avec Benedetto-Maria; mais de retour à Ota, je n'eus rien de plus empressé que de communiquer à la mère de Fiordispina le motif pour lequel je n'avais point fait sa commission à Chidazzo.

            La mère protesta de l'innocence de sa fille, et pour en être plus certain, elle me renvoya au curé. Cet ecclésiastique m'assura que Fiordispina était sage. Six mois après elle est accouchée d'une fille, dont la paternité était attribuée à l'instituteur Franchi par la majorité de la population.

    D. Quelle peut être la dot de Fiordispina? - R. Neuf mille francs à diviser en quatre, ce qui fait environ 2 230 francs pour chaque enfant.

    D. Les autres témoins ont dit que Francescone aime à se vanter, et que personne ne croyait à ses relations avec Fiordispina ! - R. Ce que j'ai dit est la vérité.

    M. le président à l'accusé. - Avez-vous chargé ce témoin de vous chercher un mari ?

    L'accusé. - J'étais présente lorsque ma mère causait de cela, mais je ne pouvais rien dire à cause que l'instituteur m'avait demandé le secret jusqu'au mois d'octobre.

            Du reste, ce témoin, quoique un peu parent, était l'ami intime de Franchi. Il a été mis en état d'arrestation plus d'une fois comme suspecté de faux témoignage.

            Après cette déposition, la séance est levée.

            A la seconde audience, on entend les témoins Bevilacqua (Michel), Franchi (Ursule-marie), Leca (Marie-Thérèse), Franchi (Pierre-Paul), Padovani (Joseph), Benedetti, médecin, et le voltigeur Padovani.

            Tous ces témoins s'accordent à dire qu'avant l'arrivée de l'instituteur Franchi, la conduite de Fiordispina était sans reproche; qu'après, Francescone s'était vanté d'avoir eu des relations avec elle, mais chacun savait qu'il était un hâbleur, un vantard, et que celle-ci avait refusé de s'unir à lui.

    M. le président ordonne qu'il soit donné lecture de la déposition d'Achille Franchi.

            Le blessé déclare, sous la foi du serment, devant M. le juge d'instruction, n'avoir jamais eu de relations avec Fiordispina.

    M. le président ordonne également que le père de la victime sera entendu en vertu du pouvoir discrétionnaire qui lui est confié par la loi.

            Un vieillard se présente portant une barbe blanche, longue et épaisse; il déclare se nommer Marc Franchi, âgé de 64 ans, lieutenant en retraite.

    M. le président, au témoin. - Combien payez-vous de contributions? R. 34 ou 35 francs, non compris une patente pour la moitié d'un moulin à farine.

    D. Combien d'enfants avez-vous ? - R. Il me reste trois garçons et quatre filles.

    D. Où avez-vous servi ? - R. D'abord à Naples, puis en France avant les Cents-Jours, sous Louis XVIII. Je me suis retiré du service après avoir été à Waterloo.

    D. Dites à MM. les jurés ce que vous savez sur la mort de votre fils ?- R. Au mois de janvier dernier, mon fils m'écrivit qu'on voulait l'obliger à se déclarer le père d'un enfant qui ne lui appartenait pas, et à épouser la nommée Fiordispina Padovani. Je lui répondis que s'il avait eu quelque chose à se reprocher, il devait réparer ses torts. Un cousin de Fiordispina vint me voir pour arranger cette affaire. Je lui dis : Mon fils nie; mon fils prétend que d'autres ont eu des relations avec cette jeune personne. Eh! bien, je suis un homme d'honneur, je me rendrai sur les lieux; j'entendrai les grands, les petits, le vieux, les jeunes, et si mon fils est coupable, je vous déclare qu'il n'épousera aucune autre femme que votre cousine. Le temps est ici un élément nécessaire, veuillez me l'accorder dans l'intérêt de tous. Il y a plus, si Fiordispina est mal vue de sa famille, si on refuse à lui donner les secours dont elle a besoin, qu'elle vienne auprès de moi, je partagerai avec elle le pain de mes enfants. Au mois d'octobre, alors que mon fils ne sera pas à Ota, qu'il ne pourra pas surveiller mes démarches et les diriger dans son intérêt, je viendrai, je vous l'affirme.

            Le cousin partit content; lorsque, peu de temps après, je reçus la visite du frère de Fiordispina. Celui-ci me fit observer qu'au mois d'octobre c'était trop tard, car alors Franchi aurait quitté la commune et ne pourrait plus être tué par lui, la distance qui divisait Ota de Lopigna étant trop grande. A ces mots, je sentis mon sang, dit le vieux père, se refouler dans le cœur. Cependant, je ne perdis point contenance, et je fis comprendre à ce jeune homme qu'il devait m'accorder jusqu'au mois d'octobre. Il ajouta: - Quant à moi, j'y consens; mais ma sœur veut le tuer; elle n'attendra point. Oh ! si c'est votre sœur, laissez-la faire. Si elle aime mon fils, elle ne le tuera pas, soyez-en certain. j'espère la trouver innocente, et alors elle sera ma fille.

           Le frère me quitta satisfait et me promit d'attendre... Le 16 juillet, deux mois et demi avant l'époque fixée, cette femme sanguinaire lançait une balle homicide dans la tête de mon pauvre fils !! (Le malheureux père essuie deux grosses larmes qui coulent de ses paupières).

    D. Etait-il question que votre fils changeât de résidence ? - R. Jamais.

    D. Avez-vous demandé à votre fils, après l'événement, s'il avait eu des relations avec l'accusée ? - R. Oui, à deux reprises différentes; avant sa confession et sa communion, et après. Avant l'arrivée du prêtre, je dis à mon fils : - Tu vas te réconcilier avec Dieu, dis toute la vérité. Dis-moi: as-tu eu des relations avec Fiordispina ? - Non, mon père, dans les neufs mois qui  ont précédé ses couches, jamais, je vous le jure.

            Après sa communion je me suis jeté à ses pieds, et je lui ai encore fait la même question les larmes aux yeux; j'ai obtenu la même réponse. Ah ! messieurs, je demande justice; depuis la mort de mon fils je ne vis plus !

           Cette déposition a produit une grande sensation. Fiordispina n'a point osé regarder en face ce pauvre père; elle a constamment tenu son visage caché dans ses mains, et de temps en temps elle s'essuyait le front.

            Après la lecture du procès-verbal constatant la nature de la blessure, la parole a été donnée à M. le procureur-général, qui a soutenu l'accusation.

            Mes Montera et Viale ont présenté la défense de l'accusée. Les défenseurs ont soutenu non seulement la provocation morale, mais la légitime défense.

            Les avocats soutiennent enfin que Fiordispina, en s'armant d'un pistolet après la réponse du curé, avait perdu, comme dit le Dante ; Il ben dell' intelletto, elle avait perdu la raison, la liberté, la volonté, le choix, l'empire de soi-même. Une seule idée la dominait : le déshonneur, le désespoir ! Une force irrésistible l'a entrainée, la main seule a été coupable !

          M. le président a résumé les débats avec beaucoup d'impartialité. " Un crime nouveau, a dit ce magistrat, est venu augmenter notre douleur ; il est soumis à votre jugement. Du temps de nos ancêtres, lorsqu'une fille s'oubliait, les hommes prenaient les armes pour venger son honneur. de là, la plupart des inimitiés sanglantes qui ont désolé le pays. cette triste habitude a disparu, du moins en partie, de nos mœurs, et voilà que les femmes, dont la mission a toujours été celle de la paix, de la douceur, de la résignation, se font hommes pour se livrer à l'assassinat ! "

    M. le président pose à MM. les jurés les trois questions suivantes :

    1° Si l'accusée est coupable d'avoir volontairement donné la mort à Achille Franchi ;

    2° S'il y a eu préméditation ;

    3° si l'accusée a été provoquée par des coups ou violences graves envers des personnes.

            la Cour décide, conformément aux conclusions de M. le procureur-général, que la question de blessures graves, sans intention de donner la mort ne serait pas posée.

       M. le président prévient les jurés que, dans le cas où ils penseraient que l'accusée s'est trouvée dans le cas de la légitime défense, ou qu'elle avait perdu le libre usage de ses facultés intellectuelles, ils doivent répondre négativement à la première question.

            Pendant que les jurés sont réunis pour délibérer, les conversations les plus animées ont lieu dans l'auditoire.

            Lorsque la sonnette indique que le verdict est formé, dix minutes se sont à peine écoulées, et cette promptitude fait supposer un acquittement.

    M. le président, au chef du jury. - Veuillez faire connaître le résultat de votre délibération.

    M. le chef du jury. - Sur mon honneur et ma conscience, devant Dieu et devant les hommes, la déclaration du jury est: Sur la première question, oui, à la majorité. - Sur la seconde, non. - Sur la troisième, oui. - A la majorité, il y a des circonstances atténuantes en faveur de l'accusée.

            Après la lecture du verdict à l'accusée, M. le procureur-général requiert la condamnation à cinq années d'emprisonnement.

            La Cour se retire en chambre du Conseil pour en délibérer.

            Après une très longue délibération, la Cour condamne Fiordispina Padovani à trente mois d'emprisonnement et aux frais;

            Fixe à un an le délai de la contrainte par corps pour le remboursement des frais envers l'Etat.

           Fiordispina a été très contente de cette décision. une foule immense l'attendait  sur la place du Palais-de-Justice. Il n'y a eu aucune manifestation ni pour ni contre, si ce n'est après l'arrêt un léger applaudissement qui a été aussitôt comprimé.

    Transcription du Procès par un rédacteur judiciaire. 

    Source Bibliothèque nationale de France.  

    *****

    Parution du 19 décembre 1845 dans la " Gazette de France"

    Séduction. - Promesse de mariage. - Meurtre commis par une jeune fille.

             L'affluence considérable qui encombre la salle d'assises, et surtout le concours inusité d'un grand nombre de dames élégantes, s'explique par la nature de l'accusation à laquelle vient répondre une jeune femme dont l'énergie parait égaler la beauté. La présence aux débats de M. le maréchal Sébastiani, que l'on remarque assis à côté de M. le procureur général Decous, a attiré aussi dans l'enceinte de la cour d'assises toutes les notabilités de la ville.

              Au banc de la défense sont assis Mes Viale et Montera.

             Ce procès, entièrement nouveau pour le jury corse, a eu déjà un grand retentissement dans l'intérieur de ce pays, dont les mœurs toutes particulières ont toujours été un objet d'admiration exagérée pour les uns et d'injustes dénigrements pour les autres. La mort d'un parent, le déshonneur d'une jeune fille, telles sont les causes les plus ordinaires de ces longues et terribles inimitiés qui de tout temps ont affligé un pays que la nature a comblé de ses immenses richesses; mais du moins le soin de ces déplorables vengeances était toujours laissé au courage des hommes. Aujourd'hui il n'en est pas ainsi : Une jeune femme trompée par un jeune instituteur, et voulant épargner à ses frères les funestes conséquences que la vengeance entraine toujours avec elle, a armé son bras d'une arme meurtrière, et seule elle a immolé, au milieu d'une place publique, le séducteur qui l'avait trahie.

            Voici les circonstances du crime qui lui est reproché : 

       "Fiordispina Padovani venait d'atteindre sa dix huitième année, lorsqu'elle eut le malheur de perdre son père, qui habitait avec sa famille la commune d'Ota. Sa mère ayant convolé en secondes noces, Fiordispina se trouva en quelque sorte abandonnée à elle-même, n'ayant d'autre appui que celui de ses deux jeunes frères, que les travaux de la campagne tenaient le plus souvent éloignés. Dans cette même commune vivait aussi un jeune homme, fils unique d'un vieux lieutenant de l'Empire, qui habitait la commune de Lopigna; c'était Achille Franchi, instituteur de la commune d'Ota. La maison qu'il habitait se trouvait en face de celle où demeurait Fiordispina. Cette jeune fille, jusqu'alors sans reproche, était sans contredit la plus belle du village; aussi Franchi ne tarda-t-il pas à en devenir amoureux. Il sollicita sa main, et profitant de l'abandon dans lequel se trouvait cette jeune fille, il s'introduisit dans la maison pendant l'absence des frères, et parvint à la séduire.

       Fiordispina ne tarda pas à devenir enceinte; c'est alors qu'elle sollicita son amant de réaliser sa promesse; bientôt elle devint mère. Franchi parut être décidé à l'épouser; mais l'enfant étant mort quelques jours après, Franchi s'éloigna d'elle, et nia ce qu'il avait avoué tout d'abord, qu'il était le père de l'enfant dont elle était accouchée. Ni les prières, ni les menaces des frères de la jeune fille ne purent vaincre l'obstination de Franchi, qui osa même publier que Fiordispina entretenait des relations coupables avec d'autres jeunes gens. L'instruction a même révélé que Franchi avait chargé un certain Luciani, son parent, de proposer au bandit Séraphin Battini, de dire qu'il était, lui, l'amant de Fiordispina, et que l'enfant mort était né de ses œuvres; mais le bandit repoussa cette proposition avec indignation, et menaça même Franchi de le tuer s'il s'avisait de répandre ce bruit.

       Franchi chercha alors à attribuer la naissance de l'enfant à François Leca, de la commune d'Ota. Ce François Leca, jeune homme vaniteux et léger, chercha, en effet, à accréditer ce bruit; mais la procédure et les débats ont prouvé jusqu'à la dernière évidence que ce jeune homme, qui avait sollicité la main de Fiordispina, avait toujours été dédaigné par elle, et que c'était sans doute pour se venger de son refus qu'il se vantait d'avoir eu avec elle des relations coupables.

       Le 14 juin dernier, Fiordispina se rend chez le sieur Canibrosini, curé du village, et le supplia d'employer tous ses efforts pour ramener Franchi à réparer son honneur et celui de sa famille. Cet ecclésiastique voulut bien s'acquitter de ce message: mais la réponse de Franchi fut aussi injurieuse que cruelle pour la jeune fille; car, le lendemain, le curé fit savoir à celle-ci que Franchi lui avait formellement déclaré qu'il n'épouserait jamais une jeune fille qui avait cédé à d'autres, et qu'au surplus il n'était point l'auteur de sa grossesse, puisque, disait-il, il y avait plus d'un an qu'il ne lui avait parlé. La malheureuse jeune fille rentra chez elle le cœur brisé et la rage dans l'âme; elle pleura abondamment; et comme ses frères voulaient la venger aussitôt en tuant le séducteur, elle les pria d'attendre le moment favorable.

       Dans la soirée du 26, l'instituteur Franchi, assis sur un petit mur qui borde la place du village, suivait une partie de cartes qui avait lieu entre quelques jeunes gens, lorsqu'une explosion se fit entendre, et il roula par terre en 's'écriant : "Je suis mort ! "

       Fiordispina se tenait debout devant lui, le pistolet encore fumant à la main, ne proférant que ces seules paroles : "Tiens ! voila pour les parjures et les calomniateurs."

            Franchi survécut pendant quarante jours à sa blessure, et toujours il persista à nier d'être l'auteur de la grossesse de celle qui venait d'attenter à ses jours; il l'accusa même d'être une seconde fois enceinte de quatre mois des œuvres d'un autre ; ce qui était un mensonge, puisque cette prétendue grossesse ne s'est pas développée, quoique Fiordispina ait été arrêtée tout aussitôt après, et soigneusement observée dans la prison.

           Fiordispina est aujourd'hui âgée de 21 ans; c'est une jeune fille au regard expressif et à la parole vive. Sa chevelure noire; qui descend en larges bandeaux sur ses joues, son teint blanc et ses lèvres minces et vermeilles, lui donnent un air fier et mutin, qui dénotent en elle des sentiments vifs et passionnés. Sa mise est très simple et son langage modéré.

            Quatorze témoins ont été entendus, et tous sont venus confirmer les faits que nous venons de retracer."

            L'accusation a été ensuite soutenue avec autant de talent que d'énergie par M. le procureur-général Decous.

         Après une défense chaleureuse de Mes Montera et Viale, l'accusée, déclarée coupable de meurtre avec provocation violente et circonstances atténuantes, a été condamnée à trente mois de prison.

            Quelques applaudissements ont accueilli ce verdict.

            Au sortir de l'audience, une foule immense encombrait la place du Palais-de-Justice.

            (Gazette des Tribunaux.)  

     *****

    Quel fût le destin de Fiordispina?

            Elle  accompli sa peine, et le 17 novembre de l'année 1849, à la Mairie d'Ota, elle épousa Charles Antoine Peduzzi, veuf, chef cantonnier âgé de trente huit ans, domicilié à Vico. 

    Procés de Fiordispina Padovani

    Source Archives départementales de Corse du Sud. 

    Elle vécu à Vico quelques années avec son mari, eut deux enfants. Deux garçons prénommés Baptiste et Dominique. Puis la famille quitta Vico.

    Cela se passait en 1845.

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  •  Histoire de nos fontaines.

     

    Les fontaines d'Ota.

    Selon le plan terrier, en 1783 le village avait 6 fontaines, ou plutôt des sources affleurantes, pour une population de 346 habitants. Cette population augmenta pour atteindre le nombre de 950 en 1876.

     Selon les rapports du conseil général, dès 1882, et jusqu'en 1899,

    demande insistante est faite pour la reconstruction de la fontaine attenante au lavoir.

    Nos fontaines

     

     

     

    Nos fontaines

     

    En 1913 les analyses positifs de l'eau des sources situées à Fontanella  et à Bude  autorisèrent la construction de nouvelles fontaines. Pour Porto à Bude quartier Bella Vista, elle se fera en 1934, et à  Fontanella, à Ota, à hauteur du pont construit  en 1869, elle sera construite en 1913, et sera le lieu de rencontre privilégié par la population,

     

    Nos fontaines

    Contribution  Association Paese e Marina, exposition permanente, salle polyvalente Mairie d'Ota.

     

    jusqu'aux éboulements de juin 1997 qui emportèrent cette dernière.

    Une nouvelle fontaine fut reconstruite à l'identique, après récupération d'une partie des anciennes pierres.

    Comme le monument aux morts édifié en mars 1920,  avec la symbolique des couleurs bleu blanc rouge.

    Couleurs de pierres puisées sur le territoire de la commune.

    Nos fontaines

    En 1923, création d'une nouvelle fontaine à Capu Supranu, puis en 1929 création du lavoir communal. 

     

     

     

    La fontaine du Pont de Porto.

     

      

     

    la fontaine du pont de Porto

    En 1882, elle n'était toujours pas construite.

    L'administration exigeant cette année là que la commune d'Ota pourvoit à la moitié de la dépense nécessaire. 

    Un compromis semble avoir été trouvé peu de temps après.

     

     

     

    Autour des années 1930.

    Nos fontaines.

     

      

      

     

    la fontaine du pont de Porto

     

     

    et aujourd'hui.

    Nos fontaines

     

     

     

     La fontaine de la place de la Marine.

     

    Elle fut construite en 1937. L'année précédente ont commencé les travaux pour l'alimentation en eau de Porto. 

    Une fontaine en fonte à Vaita, en face de l'actuel hôtel Bon Accueil, et puis celle de la Marine avec deux bassins. 

    Elles étaient alimentées pas les eaux de la source Bude ( Quartier Bella Vista).

    La sté des Roches Cristallines sise à Porto, spécialisée dans la taille du Granit rose et la fabrication de Monuments

    et ouvrages d'art, s'est vraisemblablement vu confier la réalisation de cette fontaine.

     

     

    Début des années 1950.

     

     

    Nos fontaines

     

     

     

    En 1956. 

    Nos fontaines

     

     

    Dans les années 1960. 

    la fontaine du pont de Porto

     Elle était le centre d’intérêt de la place.

     

    la fontaine du pont de Porto

     

     

     

     

    La dernière adduction d'eau de 1963 amena l'eau aux robinets de chaque maison.

    Dés lors la fontaine ne fut plus indispensable.

    Vers la fin des années 1970, afin de trouver plus de place de stationnement, elle fut déplacée vers le quai.

     

    Aujourd'hui...

    Nos fontaines

     

     

     

    Nos fontaines

     

     

     

    Nos fontaines

     

     

    Nos fontaines

     

    Elle se repose de toutes ses années de labeur. 

     Le nom du Maire de l’époque est gravé dessus. Politique quand tu nous tiens . . .

     

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  • Articles de presse de 1845 à 1914.

     

    Faits divers.

    Parution du 29 décembre 1845 dans le "journal des villes et des campagnes".

    Il y a quelques mois une jeune fille d'Ota, en Corse, Fiordespina Padovani, avait tué d'un coup de pistolet un jeune instituteur de cette commune, qu'elle accusait de lui avoir fait commettre une première faute, et de la diffamer depuis ce temps, en lui imputant d'autres faiblesses, pour se dispenser de lui rendre l'honneur.

    L'affaire a été jugée à Bastia dans les premiers jours de ce mois. Fiordespina a été déclarée coupable de meurtre, mais sans préméditation, et avec des circonstances atténuantes. La cour l'a condamnée à trente mois d'emprisonnement.

    Parution du 30 juillet 1852 dans "La Voix de la vérité".

    On écrit de Bastia (Corse): " le fameux contumace Serafino, l'ennemi de la bande Massoni, vient de terminer d'une manière fatale sa triste carrière. Traqué de toutes parts, ce criminel s'était réfugié dans l'arrondissement de Sartène, où il venait, il y a peu de jours, d'assassiner le maire de la commune d'Ota, son ennemi. Après cette terrible vengeance, il était rentré sur le territoire de Calvi, où il espérait faire ignorer sa présence; mais la gendarmerie en avait eu avis, et tous les défilés des montagnes avaient été gardés à vue.

    Dans la nuit du 17, Serafino et son compagnon Padovani, autre scélérat non moins redoutable, arrivent au col de l'Agriata, où se trouvait une embuscade composée de deux gendarmes. Sommés de se rendre, les deux bandits ont répondu par une double décharge, qui heureusement n'a atteint personne. Les gendarmes ont riposté. L'un des bandits est tombé immédiatement, frappé en pleine poitrine; l'autre a rechargé son arme et soutenu le combat pendant près d'une heure à la faveur de l'obscurité de la nuit; enfin, poursuivi de près, il a été atteint mortellement d'un coup d'arme à feu à la tête.  

    Parution du 2 septembre 1887 dans "La Petite République".

    Corse - Mardi de la semaine dernière, à Ota, près d'Ajaccio, quelques jeunes gens en vacances jouaient aux cartes sur la place, lorsqu'un cri d'alarme poussé par une personne qui se trouvait sur un talus qui les dominait attira leur attention. Ils virent alors un énorme bloc de pierre qui s'effondrait avec une rapidité vertigineuse.

    Les jeunes gens se rendirent compte de la situation et l'un d'eux, le sieur Fabry, instituteur-adjoint à l'école de la Belle-de-Mai, à Marseille, voyant le danger que courait la jeune Hélène Castellani, âgée de dix ans, s'élança sur elle et l'enveloppa de ses bras pour l'éloigner. Il était malheureusement trop tard, car le bloc l'atteignait et le renversait avec son précieux fardeau en lui passant sur le corps.

    On s'empressa autour des victimes et l'on constata que la fillette était sauve, tandis que Fabry était grièvement blessé aux jambes et au pied gauche. Aucun dénouement fâcheux n'est à redouter.

    Il paraîtrait que M.Fabry, quoique jeune, a déjà à son avoir plusieurs actes de dévouement qu'il considère, dans sa modestie, comme l'accomplissement d'un simple devoir.

    Faits divers sur Ota Porto de 1845 à 1910.

    Parution du 14 décembre 1887 dans "Le Petit Provençal".

    Ajaccio, 13 décembre.- On télégraphie de Vico qu'une tentative de meurtre vient d'avoir lieu à Ota dans les circonstances suivantes: Ceccaldi Joseph, cultivateur, dans le règlement d'une affaire, eut une discussion avec Rostini Jean-Pierre, également cultivateur. Il sortit soudain un revolver de sa poche et en déchargea un coup sur Rostini. Celui-ci qui avait vu le mouvement et l'arme se jeta de côté. La balle traversa le paletot d'un premier témoin et perfora la cuisse droite d'un second témoin, le nommé Marcheschi Etienne. Le meurtrier a pris immédiatement la fuite, la gendarmerie le recherche très activement.

    Parution du 25 octobre 1890 dans "Le Sémaphore de Marseille".

     

    L'association syndicale libre des producteurs de Cédrats de la vallée de Porto offre environ mille quintaux métriques de cédrats verts ou logés en fûts à l'eau de mer. Siège social: Ota (canton de Piana, Corse). Statuts de la société: Etude de maître Spanosi notaire à Piana. Port d'embarquement: Golfe de Porto. S'adresser à M. B de Benedetti, président du Conseil d'administration.

    Parution du 6 juin 1895 dans "Le Progrès de la Côte-d'Or".

    La mort d'un homme jouée à la morra. - Pierre Marcheschi, âgé de vingt et un ans, de Serriera, actuellement soldat au 40è de ligne, et Paul Ceccaldi, âgé de vingt-cinq ans, d'Ota, cultivateur, comparaissaient hier devant la Cour d'assises de la Corse sous l'accusation de tentative d'assassinat et de complicité, contre un géomètre nommé Patacchini.

    Tous deux en voulaient à celui-ci pour des raisons différentes. Ceccaldi avait dérobé une vache à Patacchini et avait été la vendre à Moncale; Marcheschi lui reprochait d'avoir eu des démêlés avec sa famille au sujet de la propriété d'une pièce de terre. Patacchini s'était mis à la recherche de sa vache et se trouvait alors dans l'arrondissement de Calvi.

    Le 20 octobre 1894 ayant appris la veille qu'il devait rentrer à Serriera, Marcheschi et Ceccaldi, qui avaient décidé la mort du malheureux, se rendirent au col de Marsolino où, le lendemain, devait passer Patacchini. Dès le matin, ils se postèrent et avaient joué "à la morra" pour que le sort désignât celui qui tirerait le premier, l'autre devant aller se poster plus loin pour s'assurer de la victime, si le premier ne l'avait pas tuée. Marcheschi se posta au col même, Ceccaldi alla s'embusquer plus loin.

    Le 21 octobre, vers huit heures du matin, Patacchini monté sur un mulet et accompagné de son domestique et d'un sieur Rossi, rencontré en route, franchissait le col, lorsque Marcheschi fit feu et la balle vint l'atteindre à la mâchoire. Malgré sa blessure, il rebroussa chemin et se dirigea vers Galeria, ce qui lui évita la rencontre de Ceccaldi.

    Les deux accusés, étant donné le verdict affirmatif mitigé par les circonstances atténuantes, ont été condamnés par la Cour: Ceccaldi à douze ans de travaux forcés, et Marcheschi à dix ans de la même peine.

    Parution du 26 octobre 1895 dans "Le Petit Marseillais".

    On nous télégraphie d'Ajaccio, 25 octobre: Une tentative de meurtre a été commise au lieu dit Vaita, près du village de Porto, dans la commune d'Ota, par le sieur Toussaint Massoni, sur un nommé Jean Leca. La blessure de la victime est très grave. Le président du tribunal se trouvait précisément en transport dans ces parages, remplaçant le juge d'instruction empêché; il se rendit sur les lieux du crime pour procéder à une enquête.

    De son côté, le juge de paix du canton de Piana s'était transporté à Vaita pour y faire les constatations. Il accompagna donc le président. Or, fut-ce l'émotion ou la fatigue qui activa une maladie cardiaque dont souffrait le juge de paix ? On l'ignore. Quoi qu'il en soit, au cours de cette descente de justice, ce magistrat, qui paraissait frais et dispos, fut pris soudain d'un malaise subit et, à la douloureuse stupéfaction des personnes présentes, il ne tarda pas à succomber à la rupture d'un anévrisme. L'enquête ne put se continuer et fut remise au lendemain.

    Parution du 1er mars 1896 dans "La Petite Gironde".

    On télégraphie d'Ajaccio au Temps; " A Vaita, commune d'Ota, à la suite d'une discussion, Dominique Leca, courrier d'Evisa à Ota, tua hier, à une heure du matin, d'un coup de pistolet, le nommé Gasparino Foraceppe, charretier à Evisa. Le meurtrier est en fuite."

    Parution du 16  janvier 1898 dans "Le Petit Marseillais".

    Paris, 15 janvier. Par arrêté, le ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes a autorisé la création de bureaux télégraphiques dans les communes de Corbières (Basses-Alpes), Ota (Corse), Fontaine (Isère).

    Faits divers sur Ota Porto de 1845 à 1910.

    Parution du 10 février 1903 dans "L'Ouest-Eclair".

    Un malheur s'est produit jeudi soir en rade de Toulon à bord du vapeur René, de Dunkerque, arrivant de Porto (Corse) avec un chargement de bois. Comme un marin de l'équipage, nommé Guigan, passait sur un panneau, celui-ci céda sous son poids; précipité dans la cale d'une hauteur d'environ 10 mètres, l'infortuné eut le crâne fracturé. On le conduisait aussitôt à terre, mais il rendit le dernier soupir avant d'arriver à l’hôpital.

    Parution du 5 mars 1907 dans "La République Française".

    Cannes. - L'autre nuit, le brick-goélette Jeune-Lucienne, du port St-Laurent-de-Salanque, jaugeant 65 tonnes, venait de Porto (Corse) avec un chargement de bois de construction pour Cette, lorsqu'en voulant reconnaître le golfe de Juan, s'est jeté contre l’ îlot de Tradelière, à l'est de l'île Sainte-Marguerite, et a échoué sur les récifs. L'équipage, qui se composait de six hommes y compris le capitaine, a été sauvé par un canot du bord, venu ce matin de Cannes. Le commandant Savidau, de l'Arbalète, les services de la marine, de l'inscription maritime, et l'équipage sont revenus sur les lieux, afin de procéder au sauvetage de la voilure et du matériel, mais le navire est considéré comme perdu.

    Parution du 30 octobre 1907 dans "L'Univers".

    Un violent orage sévit sur la corse entière où des pluies ont provoqué de nombreux éboulements. A Piedicorte, la foudre tomba sur un vieux moulin dans lequel s'étaient réfugiées trois femmes; la masure s'écroula et les pauvres femmes furent ensevelies sous les décombres. A Ota, un énorme rocher, jaugeant deux mille mètres cubes, s'est détaché du flanc de la montagne et a traversé le village, sans causer d'accident.

    Parution du 4 décembre 1907 dans "Le Petit Provençal".

    Ajaccio, 3 Décembre. Le brick-goélette "Joséphine", du port d'Ajaccio, capitaine armateur Filippini, parti d'Ajaccio avec cinq hommes d'équipage et 120 tonnes de marchandises pour Marseille, a rencontré à 4 heures du matin, dans le golfe de Porto une épave contre laquelle il buta. Une voie d'eau s'est immédiatement déclarée. Après six heures de travail, l'équipage dut, à dix heures, abandonner le navire qui sombra en cinq minutes. L'équipage sauvé est arrivé à Porto. 

    Parution du 18 mai 1908 dans "La Lanterne".

    Ajaccio. - A Ota, à la suite d'une discussion provoquée par les dernières élections, le nommé Spinosi a tué d'un coup de pied au bas-ventre un nommé Ceccaldi.

    Parution du 3 mars 1909 dans "La Lanterne".

    Ajaccio. - le gendarme Gambarelli, de la brigade d'Ota, s'est suicidé en se tirant deux coups de revolver dans la tête.

    Parution du 20 mars 1909 dans "Le Petit Marseillais".

    On nous télégraphie de Marignana, 19 mars: Mercredi dernier, dans l'après-midi, deux jeunes gens de la commune d'Ota, deux amis intimes, les jeunes François Castellani et Martin Padovani, revenaient de Porto. Avant de rentrer dans le village, ils eurent la malencontreuse idée de s'amuser avec un fusil. François Castellani mania l'arme à feu d'une façon si maladroite que le coup partit et la balle atteignit Padovani Martin à la cuisse. Le blessé, dont l'état inspire de sérieuses inquiétudes, a été transporté chez lui à dos d'âne. Le docteur, accouru à la hâte, n'a pu extraire la balle. A Ota, nul ne songe à rendre Castellani responsable d'un malheureux accident que tout le monde déplore.

    Parution du 5 juin 1909 dans "La Lanterne".

    Ajaccio. - Le brigadier de gendarmerie Jean, d'Ota, a été grièvement blessé par le bandit Jean François Leca, sous mandat d'arrêt du parquet d'Ajaccio pour assassinat. Les gendarmes, en ripostant à l'attaque du bandit durent le blesser, car des traces sanglantes furent relevées sur un trajet de deux cent mètres. Le brigadier Jean a été atteint au sommet de l'épaule droite et a eu le poumon droit traversé par une balle. Le lieutenant de gendarmerie d'Evisa, à la tête de quatre brigades de gendarmerie, s'est mis à la recherche de Leca.

    Parution du 10 juin 1909 dans "La Croix".

    Comment on administre dans le maquis. Des Nouvelles: On s'entretenait hier à mots couverts à la Chambre d'un scandale administratif, ou plutôt d'une série de scandales qui ont été découverts en Corse.

    A vrai dire l'affaire n'est pas nouvelle; elle occupe les journaux locaux depuis un mois, et l'on peut s'étonner que Paris ait été en cette circonstance si  loin d'Ajaccio ou de Bastia.

    Puisque les faits sont publiés là-bas, il n'y a pas raison pour vouloir les dissimuler ici, les personnes mises en cause n'auraient d'ailleurs rien à gagner au silence, il leur faut au contraire l'occasion de se disculper.

    Les scandales dont il s'agit ont été découverts par les inspecteurs des finances chargés de vérifier les livres des comptables des deniers publics en Corse. Ainsi le premier atteint est M. Bonfanti, qui fut autrefois trésorier-payeur général à Ajaccio. Il manquerait, dit-on, à sa caisse, 250 000 francs. Le "trou" a donc pu être comblé, d'autant que M. Bonfanti aurait fait lui-même quelques autres versements.

    Tripots et confiscation. Mais on reproche aussi à l'ancien trésorier-payeur général d'avoir "inspiré" à un de ses neveux, sous préfet de Corte, une petite combinaison qui vaut d'être racontée tout au long.

    Il y a une dizaine d'années, la Corse avait deux communes rivales, Ota et Piana. Elles se firent un procès. Ota fut condamnée. Elle perdit une grande partie de ses terres communales et une somme de 12 000 francs.

    Piana prit possession des terres, mais ne put toucher aux 12 000 francs, qui, par suite de nouvelles contestations, furent versés à la Caisse des dépôts et consignations. Piana, oublieuse, ne pensait plus à sa fortune, quand M. Bonfanti, moins oublieux, envoya vers elle son neveu, M. Paul Roux, sous-préfet de Corte. M. Paul Roux ne prit pas pour remplir cette mission sa serviette de chagrin gaufré, ni son bicorne à plume, il se présenta comme avocat (car il est avocat), mais sa fonction administrative était connue.

    Me. Roux apprit au maire de Piana que la commune qu'il administrait était riche sans le savoir, et, en même temps, il lui offrit ses bons offices, en lui demandant une "honnête commission" de 40%. Ce qui fut accepté. Me Roux et M. Bonfanti, qui était aussi un maître en son genre, firent diligence; et la bonne petite ville de Piana, sans connaitre les lenteurs administratives, entra en possession de sa fortune moins les quatre mille et quelques cents francs que retint l'avocat.

    Mais comme finalement la morale est toujours sauve, même en Corse, le sous-préfet restitua les fonds prélevés par l'avocat, lorsque des gens scrupuleux se scandalisèrent, il y a environ un mois. Cette histoire n'est pas finie... Mais d'autres commencent.

    Les comptes fantastiques. L'inspecteur des finances ne se contentait pas de vérifier les caisses du trésorier d'Ajaccio, il eut aussi la curiosité d'examiner les comptes des autres agents du fisc dans l'île heureuse. Jamais, on peut le dire, il ne vit en si peu de temps choses plus extraordinaires. Sans préciser autrement, car en un seul jour, nous ne saurions tout révéler, bornons-nous à dire qu'à la suite des "erreurs de caisse" constatées, un percepteur fut révoqué et un receveur des finances déféré au Conseil de discipline.

    Une grande famille. Mais revenons à l'histoire de M. Bonfanti et de M. Paul Roux. Nous avons déjà dit que le sous-préfet de Corte est le neveu de l'ancien trésorier-payeur d'Ajaccio; l'un et l'autre, il faut le dire étaient parents de feu Emmanuel Arène. Il n'entre dans la pensée de personne de solidariser tous les membres d'une même famille, et si nous rapprochons par la suite des noms, nous ne voulons point mettre sur le pied d'égalité ceux qui les portent. Mais, sous cette réserve, on est obligé de constater que tous les principaux fonctionnaires, en Corse, étaient des proches parents de l'ancien sénateur. La parenté d'un grand homme est un bienfait des dieux.

    A Ajaccio: M. Bonfanti, beau-frère d'Emmanuel Arène, ancien trésorier-payeur général d'Ajaccio. M. Campi, beau-frère d'Emmanuel Arène, beau -père de M. Gabrielli, sénateur de la Corse, ancien percepteur à Ajaccio. Le Dr Ferrandi, neveu d'Emmanuel Arène, beau-frère de M. Pierangeli, député de Bastia, directeur de l'Assistance publique en Corse, aux appointements de 12 000 francs (appointements supérieurs à ceux du directeur de Marseille). Le "docteur" Giustiniani (officier de santé), beau-frère d'Emmanuel Arène, directeur du service de la santé aux appointements de 8 000 francs. Enfin M. Pontana, gendre du président, conseiller de préfecture.

    A Corte: M. Paul Roux, dont nous avons déjà parlé, neveu d'Emmanuel Arène, sous-préfet.

    A Bastia: M. Levic Ramolino, beau-frère d'Emmanuel Arène, beau-père de M. Pierangeli, premier président à la cour. Notons qu'à cette Cour de Bastia, parmi les conseillers se trouvent M. Gabrielli, frère du sénateur, et M. Gavini, qui a également le bonheur d'avoir un frère au Parlement.

    Sénateur "indigent". Mais il ne faut envier ni M. Gavini, conseiller à la Cour, ni M. Gavini, sénateur de la Corse, ils sont, l'un, malgré ses appointements, et l'autre, malgré son indemnité... de pauvres indigents ! Ils ont, cependant, des propriétés; mais sans doute parce que "les terres ne rapportent plus", ils sont portés comme indigents. Ils ne touchent pas de secours, mais, par contre, ils ne payent pas d'impôts.

    La Corse est un pays merveilleux: depuis Paoli et Napoléon, elle n'a jamais cessé de nous étonner.

    Parution du 19 novembre 1909 dans "Le Petit Marseillais".

    On nous télégraphie de Marignana (Corse), 18 novembre: Une catastrophe, prévue depuis longtemps, s'est produite à Ota, hier vers 9 heures du soir.

    Par suite des pluies torrentielles qui tombent sans discontinuer depuis une semaine dans la région, un énorme quartier de roche a roulé sur la pente abrupte qui domine Ota et a démoli une maison qu'elle a heurtée dans sa course vertigineuse.

    Le nommé Alfonsi Dominique, originaire de Casamaccioli et son fils Antoine-Marie ont été trouvés morts sous les décombres. La dame Alfonsi Dominique est gravement blessée. La maison démolie tient à d'autres qui menacent de s'écrouler, et si la bâtisse avait été heurtée un peu plus vers son centre, on aurait, assure-t-on, compté une quinzaine de victimes.

    La population Otaise est en proie à une frayeur extrême, car, malgré la précaution intelligente prise par le docteur Fieschi, lors de son passage à la mairie, de couvrir de jeunes arbres toute la zone dangereuse d'autres quartiers de roche menacent de rouler. Rappelons que, il y a huit ans, encore en plein village, le bloc qui s'abattit sur la principale place affaissa la voûte d'un pont en rasant l'angle d'une des plus importantes constructions du bourg.

    Faits divers sur Ota Porto.

    Parution du 21 novembre 1909  dans "Le Siècle".

    Ajaccio, 19 novembre. Les pluies diluviennes qui, depuis une semaine, ne cessent de tomber, ont provoqué une catastrophe à 82 kilomètres d'Ajaccio. Le village d'Ota bâti sur le flanc d'une montagne rocheuse appelée capo d'Ota, a été en partie détruit par un éboulement de rochers. Sous l'action de l'eau, une des énormes masses de pierre, qui surplombent le village, s'est détachée et a entraîné à sa suite une avalanche de gros cailloux et de terre, qui arriva sur le village avec une violence inouïe.

    Quatre maisons ont été complètement démolies et plusieurs autres sont si sérieusement endommagées qu'il faudra les abattre. Les nommés Alfonsi Dominique, quarante-cinq ans, et son fils Antoine, sept ans, ont été tués et une quinzaine d'autres personnes grièvement blessées. Les plus gravement atteintes ont été transférées à l'hospice d'Ajaccio. Nombre de familles qui ont tout perdu, se trouvent actuellement sans abri. Des secours urgents ont été demandés.

    Parution du 8 mai 1910 dans "L'Univers".

    Les républicains de la commune d'Ota (Corse), attendant l'arrivée de M. Decori, candidat, tiraient des coups de feu, lorsqu'une balle égarée frappa le jeune Padovani, âgé de 18 ans, et se logea par l’œil dans la boîte crânienne. L'état du malheureux Padovani est désespéré.

    Parution du 16 mars 1911  dans  "Le Petit Provençal".

    Les élections municipales d'Ota. Ajaccio, 15 mars. A la suite de l'invalidation du Conseil municipal d'Ota, pour fraudes, les électeurs de cette commune étaient convoqués dimanche pour élire leur Conseil municipal. La liste du docteur Fieschi, ancien maire, a été élue par 20 voix de majorité contre celle de M. Subrini, maire sortant..

    Parution du 30 mars  1911 dans "Le Petit Provençal".

    Un meurtre à Aix. Le nommé Leca François, âgé de 28 ans, né à Ota (Corse) garçon de salle au lycée, demeurant à Aix, rue du Puits-neuf, 19, comparait à l'audience du soir, sous l'inculpation de meurtre et port d'arme prohibée.

    Pendant la soirée du 20 novembre 1910, vers 10 heures, l'accusé Leca entra en compagnie d'un de ses compatriotes Barochi, dans le bar Daumas sis à Aix, rue Vauvenargues. Là se trouvaient réunis un certain nombre de consommateurs parmi lesquels un groupe d'italiens composé de Bertin-Bartholoméo, de son frère et d'un autre individu. Ces trois consommateurs avaient au cours de la soirée, cherché a différentes reprises, querelle à des clients du bar, parce que l'un d'eux, en manière de plaisanterie, avait frotté sa main sur la figure de Bertin-Bartholoméo. Ce dernier qui avait conçu un très vif ressentiment de ce geste, avait été aperçu assisté de ses deux compagnons guettant, un revolver à la main, la sortie d'un consommateur nommé Reynier, auquel il déclarait vouloir faire un mauvais parti.

    Le tenancier du bar, craignant qu'une rixe ne se produisit, invita les Italiens à quitter son établissement; ce qu'ils firent. Mais peu après l'accusé sortit à son tour du débit et, voyant les Italiens, s'approcha d'eux pour les inviter à s'expliquer sur leur attitude. L'accusé prétend que tous les trois se seraient précipités sur lui, sans mot dire et l'auraient frappé à coup de pieds et de poings; qu'alors affolé il aurait sorti son revolver pour effrayer ses agresseurs et qu'involontairement il aurait pressé la détente.

    Les témoins de la scène n'indiquent pas que l'accusé ait été attaqué par les trois Italiens. Leca se constitua prisonnier le lendemain. Bertin Bartholoméo atteint d'une balle au coté droit du cou mourut douze jours après des suites de cette blessure. L'audition des témoins se déroule sans intérêt et n'apportent aucun fait précis à l'encontre de l'accusé.

    M. le substitut Maret prononce son réquisitoire après que M. Chavernac, avec son éloquence habituelle, essaie d’atténuer les charges relevées contre son client qui n'a tiré le coup de revolver sur le groupe qu'en croyant sa vie en danger: il invoque la légitime défense et sollicite du jury un verdict d'acquittement.

    Le jury se retire pour délibérer et rapporte un verdict négatif. En conséquence, leca est acquitté.  

    Parution du 29 septembre 1911 dans "Le Petit Provençal".

    Discussion sanglante, Ota, 23 septembre. Les nommés Ceccaldi François-Antoine, 28 ans et Ceccaldi Martial, 27 ans, réputés comme sujets dangereux, habitant Ota, canton de Piana, ont à a suite d'une discussion assez futile, fait feu à plusieurs reprises sur les nommés Centrucci Charles, et Luciani André, âgés de 20 ans, Centrucci mortellement atteint dans la région pulmonaire, a expiré presque aussitôt. Lucciani est dans un état très grave. Le Parquet s'est rendu sur les lieux aux fins d'enquête. Les meurtriers sont en fuite. Cependant dans la nuit, la gendarmerie ayant dressé une embuscade, Ceccaldi Martial, a pu être arrêté.

    Faits divers sur Ota Porto de 1845 à 1918

    Parution du 13 octobre 1911 dans "Le Petit Provençal".

    Trois bandits se constituent prisonniers. AJACCIO, 12 octobre. Le bandit Cesari Antoine dit "Ponteleccia", agé de 47 ans, inculpé d'homicide volontaire sur le nommé Leandri Philippe, de Granace, et qui gardait le maquis depuis deux ans: le bandit Ceccaldi François, d'Ota, qui, il y a quelques temps tua Contrucci Charles et blessa mortellement Luciani André, et le bandit Versini Joseph, de Marignana, âgé de 54 ans, qui tua son neveu dans un dîner de réconciliation, se sont constitués prisonniers.

    Parution du 17 janvier 1912 dans "Le Petit Journal".

    Deux maires de Corse, MM. Bartoli, de Serradiferro, et Mattei, d'Ota, viennent d'être suspendus pour irrégularités commises durant les dernières élections.

    Parution du 24 octobre 1912 dans "Le Petit Provençal".

    Rixe mortelle dans un bar. Ajaccio, 23 Octobre. Le nommé Ceccaldi Pierre, cultivateur à Ota, étant pris de boisson, pénétra dans la buvette tenue par le nommé Luciani Pierre. Une discussion futile eut lieu à la suite de laquelle Ceccaldi tira un coup de revolver sur Luciani, lequel, atteint mortellement, riposta cependant par cinq coups de revolver, atteignant Ceccaldi qui décéda dans la soirée.

    Parution du 26 octobre 1912 dans "Le Journal de la ville de Saint-Quentain".

    Ça est un malheur pour une fois, sais-tu ? Qu'on se rassure, la scène ne se passe ni en Belgique ni en Thiérache, mais en Corse, à Ota, propre patrie du député de Vervins. Il y a là-bas encore des Ceccaldi -- On pensait le nôtre unique. L'un d'eux nous laissera tranquilles maintenant si l'on en croit cette dépêche du "Matin": Le nommé Ceccaldi ayant tiré un coup de revolver sur Luciani, celui-ci, malgré une blessure mortelle, a eu la force de riposter et de décharger entièrement son arme sur son adversaire, qui fut tué net. Il suffit de s'appeler Ceccaldi pour avoir le sang chaud. A ce propos, notre confrère du "Républicain Vervinois" envoie à M. Ceccaldi, député, l'expression de ses sincères condoléances. En effet, en Corse on est tous cousins.     . . . (dans un prochain article, je vous conterai l'histoire de ce "M. Ceccaldi" qui a fait beaucoup écrire.)

     Source Bibliothèque Nationale de France.

     

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  • 1948.

                 Cette année là, la commune d'Ota a pu concrétiser un projet dont la nécessité s'imposait.

    Permettre à l'activité touristique naissante et de bon augure axée sur le camping de se développer.

    Et pour se faire il était impératif de permettre aux visiteurs et campeurs d’accéder aisément aux berges de la rivière afin de se rendre à la plage.

                      

     

    Sur la marine de Porto, en  1948, l'Hotel Restaurant Vernouillet est le point de chute pour les voyageurs de passage. 

     

    Cela s'est passé en 1948.

     

    Le Couple Vernouillet exploite l'établissement depuis le début des années 1930 .

    En 1936 M. Vernouillet fût décoré et mentionné au Journal Officiel de la République Française pour acte de courage. Le 6 septembre 1935 il n'hésita pas à se jeter à l'eau dans une mer déchaînée pour sauver de la noyade un visiteur.

    Les voici sur le pas de porte de leur établissement.

    Cela s'est passé en 1948.

      C'est l'unique établissement hôtelier de la Marine de Porto à cette époque.

     .  .  .

     

    C'est en avril 1949, un an plus tard, le jour de Pâques, que décédera  Mme Vernouillet à la fin de son service du soir.

    Cela s'est passé en 1948.

    Dès lors M. Vernouillet exploita seul l'établissement jusqu'au début des années 60.

    Vous le reconnaissez certainement,  il apparaît dans le film de Douglas Rankin tourné en 1954.

    Il possédait un véhicule de marque  Citroën B2 Torpedo de 1924.  Les autos étaient rares sur Porto en 1948.

    Il se chargeait donc de faire le taxi, et divers transports, notamment vers Ota où se trouvait le bureau des Postes.

    Cela s'est passé en 1948.

     

     

     

    En 1948, donc, la commune d'Ota réalise son projet, consistant à l'aménagement d'un accès plus commode

     à la plage.

    Un passage par les rochers de la tour génoise, très dangereux était utilisé quand l'embouchure de la rivière était obstruée.

    Et il existait déjà un chemin , partant de la place, longeant Casa Maio, qui avait été aménagé

    pour la construction du  Bar Dancing Belvédère,

    Cela s'est passé en 1948.

     

    Cela s'est passé en 1948.

     

     

    Mais au delà, le chemin, ou plutôt le sentier  était quelque peu escarpé pour atteindre les quelques jardins du bord de la rivière et le point de passage vers la berge opposée.

    Cela s'est passé en 1948.

     

              Traversée qui pouvait se faire en barque, ou par le pont sommaire construit par M. Subrini Hilaire propriétaire du Bar Dancing Le Robinson. Pont fait de plots de béton et de troncs d'Eucalyptus posés dessus.

    Cela s'est passé en 1948.

    Contribution  Association Paese e Marina, exposition permanente, salle polyvalente Mairie d'Ota.

     

    Cela s'est passé en 1948.

     

    A Fiumare, une crue plus conséquente que les autres eut raison de la détermination de ce dernier. Il reconstruisait à chaque fois son pont détruit, mais la perte des plots lui fit baisser les bras.

    Cela s'est passé en 1948.

      

    Et en avril 1948 cet élargissement du sentier pu se concrétiser.

    Pour ce faire, une équipe de jeunes gens du village fut embauchée par l'ingénieur rural, M. Robaglia, pour retourner,

    casser et transporter la caillasse nécessaire. (Pour la petite histoire, M. Robaglia avait été mandaté par la municipalité,

    pour effectuer un devis, mais il effectua les travaux avec célérité,  et présenta la facture...)

    Pour composer cette équipe, il avait recruté.

    Cela s'est passé en 1948.

    Ambroise M. et Jeannot T.

     

    Cela s'est passé en 1948.

    Ignace F. et Martin F.

     

    Cela s'est passé en 1948.

    Lulu F. et Antoine F.

     

    Cela s'est passé en 1948.

     Charlot M. et Dante G.

     

    A gauche sur la photo, M. Victor M.

    Cela s'est passé en 1948.

     

     

    Ce nouvel accès carrossable, permettant dorénavant de se rendre aisément jusqu'au bord de la rivière afin de rejoindre la plage

    et les deux établissements déjà en place, le Robinson de M.Subrini Hilaire et l'Oasis de M. Camilli.

     

    Le travail achevé !

     

    Cela s'est passé en 1948.

     

     

     

    Cela s'est passé en 1948.

                                                                     Nous sommes en 1948, et une passerelle sur le Porto est déjà en cours d'étude. La commune est à la recherche du financement. Sa concrétisation se réalisera dix années plus tard en 1958.

     

     

    1948, cette année là une campagne de désinfection et de lutte contre le paludisme fut menée sur Porto.

    Toutes les maisons de Porto, de la Marine jusqu'à Costarella furent vaporisées de DDT.

    Remède très efficace de l'époque utilisé par l'armée Américaine.

     

     Cela s'est passé durant l' année 1948 à Porto.

     

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  •  La tuilerie briqueterie du Campu.

       

    "septembre"   Fabrique de Tuiles.

     

     

     

                                     C'est sur le site d'U Campu, entre Ota et Porto sur la route d'Evisa que fut construit en 1825  une fabrique                             de tuiles creuses, de briques et de carreaux.

     

     

    "septembre"   Fabrique de Tuiles.

     

     

     

     

    Elle fut surtout active de  1880, (M. Benedetti François d'Ota en étant le propriétaire) jusqu'en 1918.

    Cette activité s'interrompit dans les années 1920.

    L'argile détritique pour la fabrication était extrait sur place à ciel ouvert.

    Des moules de bois étaient utilisés pour la confection des briques et des carreaux.

     

     Le hangar industriel destiné au séchage de la production, et le four, ont traversé le temps et sont encore visibles, aujourd'hui.

    "septembre"   Fabrique de Tuiles.

     

     

     

     

     

                          Avant cuisson le pré-séchage de la production se faisait à l'intérieur de la bâtisse durant environ  une semaine sur des lattes de bois. 

                                          Après cuisson le séchage s'effectuait dehors à l'air libre. Les tuiles creuses, les briques et les carreaux étaient alignés à l'extérieur sur champ pour un séchage d'une quarantaine de jours avant d'être vendus. 

     Comme on le voit sur cette photo, à Francardo, à la même époque.

    "septembre"   Fabrique de Tuiles.

    Source Fonds Tomasi.

     

     

    Le four de cuisson, à bois constitué de deux foyers voûtés,

    "septembre"   Fabrique de Tuiles.

     

      

    est visible en bordure de la route  D84. Ses parois intérieures sont tapissées de briques. 

                               

                                   Les opérations de cuisson se déroulaient sur deux ou trois jours pour une quantité de 20 à 25 000 pièces.                                     Trois à quatre ouvriers étaient employés à ces taches.

    Des tuiles, carreaux et briques de cette époque sont toujours en place sur certaines maisons.

       Fabrique de Tuiles.

     

     

       Fabrique de Tuiles.

      

    Campo Ota.   FB  pour François Benedetti. 

     Contribution  Association Paese e Marina, exposition permanente, salle polyvalente Mairie d'Ota.

     

     

    Fabrique de Tuiles.

     

     

     

    Fabrique de Tuiles.

     

      

    Source Direction du Patrimoine. Service de l'Inventaire du Patrimoine de la Corse

     

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  • 1883. 1885.

    Hubert Vaffier, (1834-1897) industriel Français, fabriquant de tuiles et de briques, chargé de missions

    scientifiques et artistiques a voyagé en Europe et dans les Balkans, et son chemin l'amena en Corse.

    En 1888, il fit don de tout son travail photographique à la Bibliothèque de France.

     

    Posant son équipement photographique tout le long de son chemin, il nous fait partager sa traversée du Golfe de Porto.

     

    Arrivée par Partinello, les calanques de Figa Baleri.

    C'était en 1888. Aghia Campana

     

     

    Passage par Aghia Campana.

    C'était en 1888. Aghia Campana

     

     

    Le tour de Porto est vite fait.

    Il n'y a pas d'Eucalyptus sur Porto, seulement une végétation basse.

    Nous sommes en 1883, les moustiques rendent l'endroit peu fréquentable. La malaria fait des ravages.

     

    C'était en 1888. La tour Génoise.

     

     

     Deux magasins de stockage pour les marchandises, une écurie et quatre maisons de pêcheurs composent la Marine.

     

    C'était en 1883.

     

     

     

     

     

     

    Remontée vers "les Calanche".

    C'était en 1888. le rocher "la tête de chien".

     La végétation y est rase, il n'y a pas de pins.

     

    Traversée des "Calanche".

    C'était en 1888. E Calanche

     

    C'était en 1888. E Calanche

    Une élégante se promène dans les déjà célèbres "Calanche".

     

    C'était en 1888. E Calanche

     

    C'était en 1888.

     

    C'était en 1888. E Calanche

     

    Arrivée  à Piana.

    C'était en 1888. Piana

     

    Source Bibliothèque Nationale de France.

    C'était en 1883-1885.

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  •  

     

    L' année 1963.

    Porto, quartier Vaïta

    C'était en 1963.

     

     

    Cette année là, 

    installation des canalisations d' adduction d'eau sur Porto.

    La précédente adduction avait été menée en 1937 pour alimenter différentes fontaines de Vaïta à la Marine.

    C'était des tuyaux métalliques puis en polyvinyle posés à même le sol qui occasionnaient

    une température d'eau élevée et une forte odeur.

      

     

    Quartier Vaïta

     Une seule voie de circulation bordée de part et d'autre d' Eucalyptus, du carrefour de 

    la pharmacie jusqu'à la Marine. Des arbres plantés à la fin du XIX ème siècle.

    C'était en 1963.

    La Peugeot 403 camionnette, à l'arrière plan, est garée en face de l'actuel Hotel Beau Séjour. 

     

     Direction la Marine, on aperçoit à l'arrière plan, l' Hotel Le Vaïta en construction.

    C'était en 1963.

     

     (Tous ces Eucalyptus furent abattu en 1965, comme on le voit sur 

    cette photographie aérienne datée de mai 1966.)

    Mai 1966.

     

    Ces travaux se poursuivirent vers la Marine.

    C'était en 1963.

     

     

     

     

    C'était en 1963.

     

     

    La première salle de cinéma de Porto en 1963.

                            Il s'y projetait des westerns, l'écran était un drap tendu, et avec le ticket d'entrée on pouvait acheter des bonbons au poivre, des sucres avec des araignées en plastique, et divers petits objets de farces et attrapes.

    Il y avait foule lors des soirées de projection durant l'hiver 63. 

    C'était magique.

    Et c'était au Panorama hôtel.

    C'était en 1963.

     

     

    L'adduction d'eau atteignit la Place de la Marine.

    C'était en 1963.

    1963, changement d'époque, la couleur arriva sur les cartes postales,

    et les hôteliers furent ravis de voir l'eau couler aux robinets. 

    Cela s'est passé en 1963.

     

     

     

    C'était en 1963.

     

     

    Direction la plage.

                            Toujours à la mode en 1963 , le " Belvédère", qui était le pôle d'attraction  pour la jeunesse dansante de la décennie précédente,

    C'était en 1963.

     

     

     

     

    C'était en 1963.

    et le " Robinson"

    C'était en 1963.

     

     Changement de rive, 

    C'était en 1963.

     

    par la passerelle sur le Porto, nouvellement installée.

    Elle fut construite en 1958, par la "Sté des Ponts de Fer" et coûtât 4 352 132 francs. 

    C'était en 1963.

     

    Et déjà très fréquentée en 1963. 

    C'était en 1963.

     

    C'était en 1963.

     Porto a misé sur le tourisme, il y a déja sept établissements hôteliers sur la Marine.

    "mars"   C'était en 1963.

     

    "mars"   C'était en 1963.

    et la sérénité du lieu domine.

      

    Cela s'est passé durant l'année 1963 à Porto.

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